Bono par Bono
de Michka Assayas, Bono

critiqué par Nothingman, le 16 juin 2005
(Marche-en- Famenne - 44 ans)


La note:  étoiles
Derrière le mythe
Alors que la tournée mondiale du groupe rock U2 bat son plein de stade en stade, laissant parfois des dizaines de milliers d'"aficionados" sur le carreau, il peut être intéressant de se pencher sur la personnalité de son leader charismatique, Bono. Pour certains, c'est un génie capable d'écrire la chanson pop parfaite, pour d'autres ce ne serait qu'un mégalomane appâté par l'argent. Mais Paul Hewson, alias Bono - et là tous se rejoignent - est devenu, au fil du temps et de ses combats, une figure mythique, annoncée plusieurs fois déjà comme potentiel prix Nobel de la Paix.
Ce livre s'avère donc utile pour recadrer des échanges parfois enflammés autour de ce qui est, quoique l'on en dise, l'un des personnages les plus médiatisés de notre époque. Durant deux ans, de 2002 à 2004, Michka Assayas a réalisé plusieurs entretiens avec le chanteur et activiste irlandais. Le journaliste et écrivain connaît particulièrement bien l'histoire du groupe. Lui qui les suit depuis leurs débuts en 1980, époque où ils jouaient devant 50 personnes dans des petits clubs de Londres. Un véritable dialogue s'est donc instauré et Bono se livre sans contraintes.
La star parle de deux personnages particulièrement importants à ses yeux : Dieu et son père. Un père décédé il y a quelques années, et qui l'a élevé seul après la mort prématurée de la mère Iris . Un père avec lequel il dit avoir vécu des "moments affreux" aussi bien que des "moments comiques". Un père qui quand on lui présente Julia Roberts s'écrie "Pretty woman ? Mon cul, oui!" et dont les derniers mots auront été "Foutez-moi la paix". Un pur caractère irlandais…
Bono explique aussi les raisons de son militantisme. C'est sa foi qui, selon lui, l'aiderait à nourrir son activisme humanitaire. Il dit aussi ce qu'il pense des hommes politiques qu'il est forcé de côtoyer par obligation : Blair, Bush, Chirac,….
Un livre qui n'est certes pas indispensable mais qui aide à mieux comprendre certaines des motivations de celui que l'on n'appelle plus que par son nom de scène… Bono.
Bono en solo 7 étoiles

Ces entretiens de Bono avec son ami français Michka Assayas ont été réédités en 2020.
Bono est un personnage fantasque et complexe. En plus d’être cette superstar mondiale de la musique, il a été propulsé sur le devant de la scène politique internationale par ses engagements humanitaires. J’étais vraiment curieux de découvrir ce qui se passait derrière ses lunettes teintées bleues.

Sur la forme les échanges sont plutôt décontractés. En contrepartie ils peuvent par moment être un peu décousus. Et Bono reste un professionnel de la communication : il sait très bien éluder les sujets qui le dérangent et revenir inlassablement sur ceux qu’il veut développer. Son interlocuteur n’est en d’ailleurs pas dupe.

Sur le contenu on s’aperçoit sans surprise que Bono est un personnage profond. Rarement pris de court, c’est un homme qui s’est beaucoup questionné et porte un regard lucide et cohérent sur sa vie et ses combats. Ni sympathique, ni antipathique, il présente ce froid décalage propre aux habitants d’une autre planète.
Pour terminer il s’agit davantage de conversations sur sa jeunesse, sa spiritualité, son rapport à la célébrité et son engagement pour l’Afrique que d’une porte d’entrée vers les arcanes de U2. Ce qui m'a un peu manqué mais j'ai cru comprendre que les autres membres du groupe sont plutôt sourcilleux sur le sujet.

Elko - Niort - 47 ans - 10 janvier 2021


"It's no secret that our world is in darkness tonight*" 4 étoiles

Un livre pour les fans de Bono. Au début, en tant qu'irlandais, les U2 étaient très bien vus par les critiques pour leur rébellion vis à vis de la Grande-Bretagne et aussi avec quelques chansons en forme de protest-songs: je pense à Sunday Bloody Sunday ou When the Streets Are No Name etc... Ne jetons pas l'opprobre aux oreilles des amateurs de ce groupe, en énumérant ces titres que tout le monde devrait connaître par coeur !

Et puis ensuite U2 s'est mis à la tâche de renouveler un genre moribond (donc le rock) en expérimentant de nouveaux sons et de nouveaux styles - en particulier l'électronique avec le LP "Achtung Baby." C'est à partir de là que ces spécialistes de boudoirs (que l'on lit parfois dans diverses revues bobos à saisir avec des pincettes) se sont offusqués, écouter Bono - pardon, aka Paul Hewson - chanter The Fly sur un ton aigu et par-dessus un riff persistant et des beats electros ce n'est pas ce que l'on attend d'un groupe concerné ! Un peu de tenue que diable. (.)

Aujourd'hui, U2 s'est essouflé et les seules fois ou l'on en cause sont généralement à l'intérieur de ces torchons people qui parlent de la Voile Rouge à St Tropez, tandis que les albums sont désormais très loins de l'innovation de leurs débuts sauf sans doute pour les auditeurs de RFM ou d'Europe 2 (un comble de radios à bannir de suite, si on apprécie un peu l'art): U2 est un groupe qui existe de par ses fans qui viennent par milliers les voir dans leurs énormes gigs, mais c'est un groupe qui appartient au passé. Le rock n'a rien à voir avec la redite.

Cependant il est clair U2 a beaucoup apporté à la musique pop, ils ont compris depuis un moment que le rock indépendant ne plaît qu'à des fils à papa biens sous tout rapport, alors que la contestation appartient plutôt au rap sinon à la techno de Berlin ou de Détroit. Sauf pour ces survivants nostalgiques de mai 68 qui continue à nous égrener leurs airs défraîchis en squattant toutes les tribunes...

Mais peut-être que ce publi-reportage d'Assayas au sujet de Bono plaira aux professionnels de l'humanitaire, on y lit d'ailleurs que le célèbre chanteur a un problème avec l'argent; celui-ci lui apportant le superficiel au lieu de la "vérité." A d'autres.


*paroles du hit "The Fly", ou dans le clip Bono apparaît ainsi qu'une... mouche. Une provocation qui en vaut d'autres.

Antihuman - Paris - 41 ans - 15 avril 2014


Dubitatif... 6 étoiles

Fan également de U2, j'ai lu ce livre pendant les vacances à la plage sous le soleil.

Je n'ai pas honte de le dire, mais ce livre là, je l'ai vraiment lu pour le côté "pipol" du bonhomme et du groupe.

J'ai été en partie servi.

Pour le reste, ce qu'il fait est très bien, mais bon voilà, j'avais d'autres bouquins plus transcendants à lire.

Beaucoup de répétitions tout de même. J'ai trouvé que le dialogue tournait certaines fois un peu en rond (réalité ou volonté de me baigner?).

A lire en poche pendant les vacances.

A voir en live, c'est exceptionnel!!!

Matt033 - - 46 ans - 22 décembre 2008


Hyperactif ! 8 étoiles

En mordue de U2, je n’ai même pas essayé de résister à l’achat de ce livre. Le culte de la personne, très peu pour moi (à l’une ou l’autre exception près). Mais le cas Bono est un peu spécial : membre de U2, sa personnalité « déborde » dans de nombreux domaines. Son combat pour l’annulation de la dette du Tiers-monde, ses prises de position politiques, ses discours pendant les concerts révèlent une star mégalo, certes, mais aussi sûrement plurielle et passionnante.

Et on sent bien, dans ce dialogue entre le journaliste Michka Assayas et Bono, l’énergie de ce personnage, toujours entre deux coups de téléphone, deux rendez-vous présidentiels, deux concerts. Il se donne sans compter, avec une générosité flamboyante. Et sa vie privée là-dedans ? Elle est abordée, difficile de faire autrement, mais Bono reste discret dans ce domaine, et c’est tant mieux. Ceci dit, chapeau à Ali, sa femme, qui a l’air d’une femme de tête, indépendante, qui partage ses combats, mais qui ne doit pas rigoler tous les jours avec ce monstre sacré…

Certains ont vu de la publicité facile dans ce livre, sorti au moment de la dernière tournée du groupe : « Vertigo tour ». Alors là, laissez-moi rire ! Cette critique ne tient pas la route une seule seconde. Comme si U2 avait besoin de ça pour attirer du monde ! Comme si Bono avait besoin de sous ! (En plus, je ne me souviens plus des détails, mais le bénéfice de la vente du livre ne lui revient pas, ou pas entièrement.)

Saint-Germain-des-Prés - Liernu - 56 ans - 22 janvier 2006


Promo Bono? 6 étoiles

Nothingman... Merci pour cette critique! :)

Faisant partie comme toi et bien d'autres des aficionados, je me suis plongée dans ce recueil d'entretiens dès sa sortie. Non pas que je sois une groupie de Bono en particulier (j'envisage davantage le groupe dans son ensemble et là, j'avoue, je suis une accro) mais j'étais intéressée par la perception irlandaise que le chanteur pouvait avoir du conflit civil qui continue à sévir dans son pays, même si on en parle moins par ici.
Un militant qui oeuvre pour la paix dans le monde et le respect des identités et qui manque de se faire enlever par l'IRA parce qu'il les a dénoncés, cela peut paraître amusant à première vue mais il n'en est rien quand on prend un peu de recul. Je déplore d'ailleurs que cet enlèvement manqué et supposé par l'IRA ait servi de propagande avant la sortie du livre pour lui assurer le plus d'audience possible. Il est des sujets qui demeurent délicats, malgré le temps qui passe.

J'ai beaucoup apprécié l'honnêteté de Assayas quand il confesse que U2 le laissait beaucoup et que Bono était un type qui le gonflait au plus haut point ("Le personnage de Bono en rock star grinçante et parodique me paraissait lourdingue. On en a déjà assez avec le narcissisme de la télévision, me disais-je. Je n’ai pas tellement changé d’avis depuis").
Le ton est donné, on sait que le journaliste ne part pas en terrain conquis et c'est ce qui donne un peu plus de poids à ce bouquin, ce sont ces échanges à bâtons rompus entre deux hommes qui ne s'apprécient pas outre mesure avant de faire réellement connaissance.

Au final, Bono apparaît très humain dans ce livre, dont il faut garder à l'esprit qu'il sort en pleine campagne médiatique autour de la tournée "Vertigo" mais peut-importe finalement. Cela est nécessaire pour humaniser cette icône musicale, montrer qu'il n'est pas un dieu et qu'on a beau s'appeler Bono, il ne suffit pas toujours de claquer des doigts pour que ses rêves se réalisent.

Sahkti - Genève - 50 ans - 16 juin 2005