La môme Caillou
de Jean-Claude Baudroux

critiqué par Shelton, le 15 juin 2005
(Chalon-sur-Saône - 67 ans)


La note:  étoiles
A Nancy, petite ville calme de province...
Il est fort délicat de parler longtemps d’un roman policier sans couper tout le mécanisme, le suspens, l’énigme et l’envie de lire… Oui, c’est vrai, et en même temps il m’est impossible de garder le silence tant j’ai aimé ce roman… J’étais tellement bien dedans, que j’ai tout fait pour ne pas le finir et pendant quatre jours je l’ai regardé en me levant en me disant « oui, j’ai compris, je sais comment tout se finit, je sais qui est le… » – je préfère ne pas en dire plus – et pourtant je n’en étais pas si sûr car des auteurs roublards comme Baudroux sont bien capables de nous berner au dernier moment…
Mais je comprends bien aussi qu’il faut que je vous en dise plus si je veux vous donner envie d’ouvrir cet ouvrage policier La môme caillou. D’ailleurs policier ? Ça reste à prouver car il n’y a pas de véritable énigme comme dans certains classiques où on ne se pose qu’une question : Qui a tué ? ou Comment ça s’est passé ? Ici, c’est plus complexe, c’est le portrait d’une femme criminelle, à travers le récit d’une personne qui l’a connue, qui a pu interviewer les survivants d’un drame atroce… On connaît les coupables, on connaît le mobile, les protagonistes, enfin presque tous, et on se demande comment tout cela va se terminer…
Mais le plaisir du roman est aussi dans l’ambiance, le voyage sur les lieux et le vocabulaire…
L’ambiance par la description des personnages et je citerai en premier Georges le Con qui a lui seul mériterait un oscar du meilleur second rôle… C’est un trait de génie de Baudroux que de nous offrir régulièrement des personnages secondaires de ce niveau… Mais il y a aussi la famille de la môme Caillou, son médecin, son épicier… Tous ces personnages permettent au lecteur d’aller à la rencontre d’un monde que l’on ignore, enfin généralement… Trop excessif pour être vrai… Quoique, finalement…
Oui, on finirait bien par y croire car les lieux visités par les personnages, on les connaît bien, en tout cas, c’est mon cas car l’histoire se déroule à Nancy, un Nancy bien réel… Tout y semble si vrai que l’on se dit, soudainement, que la môme Caillou, on a bien du la croiser un jour… Mais pour ceux qui ne seraient pas nancéens, nul n’est parfait, j’en suis bien conscient, ne vous en faites pas, les descriptions de Baudroux vous permettront de connaître la ville suffisamment pour l’histoire et avoir envie d’y aller prochainement pour un petit week-end…
Enfin, le vocabulaire… Oui, je vous assure que l’auteur qui est pourtant responsable de haut niveau dans notre grande éducation nationale se livre ici à un exercice de style où il montre sa maîtrise de l’argot et de la langue populaire… Magnifique, le résultat est étonnant, de qualité… On dirait un roman noir des années cinquante…
Alors, maintenant, de quoi s’agit-il ? D’un banal hold-up, un de ces casses comme on en faisait, enfin pas moi, dans les années cinquante et soixante… La vie n’avait pas beaucoup d’importance pour les gangsters, les moyens de sécurité pas aussi développés qu’aujourd’hui et… puis le reste ce sera à vous de le découvrir… Mais c’est vraiment un roman que l’on peut lire d’un seul coup et qui laisse des sacrés souvenirs…
D’ailleurs, hier, j’en parlais avec la môme Caillou, et elle me disait que Jean-Claude Baudroux avait écrit superbement son histoire… Oui, c’est assez suspect, d’ailleurs… Ses initiales sont identiques à celles d’un drôle de professeur de français du roman… Mais, cela ne peut être que du hasard, n’allez pas chercher midi à quatorze heures…