La véranda
de René Bizac

critiqué par Sahkti, le 8 juin 2005
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
Affrontement entre deux soeurs
Fanny a 13 ans, sa soeur Franca en a 21. Deux soeurs, des orphelines, leur mère est morte, le père a pris la poudre d'escampette. Franca obtient la garde de Fanny, les deux soeurs doivent à apprendre à vivre ensemble, différemment. Adaptations, compromis, affrontements, mais aussi confidences et joie d'être ensemble. L'apprentissage de la vie à deux, entre "Le Petite" et "La Grande".
Franca se sent responsable de sa soeur, elle veut son bien, la surveille, peut-être un peu trop. C'est qu'elle a connu quelques expériences malheureuses et elle ne voudrait pas que la petiote s'y frotte à son tour, surtout avec les hommes, une espèce humaine que Franca exècre. On devine de la douleur derrière tout cela, le fardeau du passé et des secrets. Fanny ne comprend pas cela, les hommes, elle les aime et les attire. Et dans la ville qui abrite les deux jeunes femmes, endroit bizarre et malsain où règne un climat de guerre de tranchées, autant dire qu'il ne fait pas bon courir les ruelles obscures la nuit venue.

Théâtre sombre et noir, profondément humain, mettant en lumière la souffrance de deux êtres qui apprennent à vivre ensemble en tenant compte de la vie et de ses méandres. René Bizac n'en dit jamais trop. Il ne s'étend pas, par exemple, sur les raisons de l'existence d'un couvre-feu dans la ville. Il ne nous parlera pas non plus des secrets enfouis de Franca. Mais tout cela est présent et palpable, l'auteur a trouvé la dose juste pour donner corps à ces éléments tout en les empêchant de prendre trop de place dans le récit.
En alternant monologues réflexifs et dialogues heurtés, Bizac confronte deux visions, deux mondes et ouvre grand les portes de l'incompréhension. C'est par moments assez dur et en même temps, on ne peut s'empêcher de ressentir de l'empathie pour ces deux femmes et leurs projets, réels ou illusoires.
Un texte théâtral qui se prête magnifiquement à la scène et aux personnalités fortes.