Une banale histoire
de Tchekhov

critiqué par Sahkti, le 7 juin 2005
(Genève - 50 ans)


La note: étoiles
Une vie qui passe et s'ennuie
Nicolaï Stepanovitch est professeur d'université, il enseigne la médecine. Las de sa femme acariâtre et de sa fille amourachée d'un homme qu'il déteste, Stepanovitch repose tout son amour sur Katia, la fille d'un ami défunt dont il a la garde. Jeune fille espiègle et frivole, dépensant sans compter, causant les pires tourments à cet homme qui veille sur son bien tout en lui apportant cependant la touche de légereté nécessaire pour l'aider à supporter sa vie ennuyeuse. Oui, Nicolaï Stepanovitch s'ennuie et le raconte, sans fioritures ni grands discours, il se confie et narre la monotonie qui l'habite aujourd'hui. C'est désespérant et touchant. L'homme sait que sa vie atteint son extrémité et que le grand départ sera bientôt là, c'est l'heure des bilans, ceux-ci sont moroses et on ressent d'un bout à l'autre de cette nouvelle la proximité d'un bonheur auquel on aspire en le sachant inaccessible.
Nouvelle bien sombre de Tchékhov et pourtant... l'écrivain russe y place tant de force et d'espoir qu'il est impossible de sentir désespéré en refermant l'ouvrage et en méditant sur sa condition. C'est l'occasion d'un sursaut, d'une réflexion sur soi-même, en espérant que celle-ci atteigne la dimension de celle de Nicolaï Stepanovitch. Digne et lucide.
Introspection douloureuse 8 étoiles

L'histoire d'un homme qui s'ennuie ferme dans sa vie bien établie, un professeur qui a pourtant acquis la notoriété et qui n'a pas à rougir de son parcours. Mince consolation quand on l'écoute le relater, il semble totalement désabusé et tout ce qui l'entoure lui déplaît. Se sachant atteint d'une maladie, il attend le tomber du rideau... La seule éclaircie dans ce ciel sombre, c'est Katia, sa pupille, dont il regrette de ne pas s'être occupé plus encore.
C'est une histoire triste, une histoire banale, le titre sied très bien, en laquelle chacun peut se retrouver, des questionnements sur une existence terne, des interrogations sur soi, une introspection douloureuse, en définitive...

Nathafi - SAINT-SOUPLET - 57 ans - 6 décembre 2014