Le Jardin des apparences
de Véronique Olmi

critiqué par Clarabel, le 5 juin 2005
( - 48 ans)


La note:  étoiles
L'adieu au père
Dans un jardin, se déroule une réunion familiale autour du père, mourant, à qui pourtant on dissimule cette vérité. Il y a Michelle et Sabine, toutes deux mariées respectivement à Paul et Hervé. Armand, le patriarche, se lamente beaucoup : la Fanchon qui fait une toilette rapide et mal rincée, la vie de ses filles qu'il juge bâclée, l'intrusion des maris, la mort de son épouse Louise, le temps qui passe, le rosier qui s'étiole, les transats qui tranchent, etc etc... Au-delà des apparences, il y a dans cette famille des silences, des misères, des chagrins. Et puis, quel rôle a ce rosier, à qui chacun s'adresse quand il se croit seul ? Et pourquoi taire la mort prochaine ?.. Tant de simulacre cache forcément d'autres peines ?

Véronique Olmi a une écriture vive, tonique, sèche et cinglante. Les propos qu'entretiennent les membres de cette famille disloquée sont acerbes et sévères. Il y a tromperie sur la marchandise quand on s'imagine que cet adieu au père sera dégoulinant de larmes, de souvenirs amers et de bonnes intentions. A l'heure où sonne la mort, sonne également celle des réglements de compte. Avant l'époque "des anciens vivant sur des photos". Il y a la peur panique des filles presque orphelines, des femmes trompées ou fanées par la vie de couple, des hommes imbus d'eux-mêmes mais exclus du cercle père-filles, des maris qui morflent, aussi. Cette pièce de théâtre, décrit comme "un mime de la vie", est un dialogue de retenue, de cynisme et de déchirement. La scène finale est, en soi, plutôt jolie et ouvre de belles perspectives !