Cent phrases pour éventails
de Paul Claudel

critiqué par Kinbote, le 24 avril 2001
(Jumet - 65 ans)


La note:  étoiles
Comme on déguste une petite tasse de thé brûlant
On ne le sait pas bien, l'Orient a inspiré à Paul Claudel des pages splendides comme celles-ci, composées de juin 1926 à janvier 1927 alors qu’il était ambassadeur au Japon.
Ce sont donc cent phrases calligraphiées dont les mots, les lettres, disposés savamment, qui invitent à une lecture lente, répondaient à la volonté de Paul Claudel lui-même qui s'en explique en ces termes : « On a voulu que dans la disposition des blancs, par le suspens dans le vide des consonnes muettes, des points et des accents, la collaboration de la méditation et de l'expression, du sens, de la voix, du rêve, du souvenir, de l'écriture et de la pensée, la vibration intellectuelle de chaque mot ou de la partie essentielle de chaque mot devint perceptible à un lecteur patient qui déchiffrera chaque texte l’un après l'autre avec lenteur, comme on déguste une petite tasse de thé brûlant. »
Cent courts textes - concentré de poésie pure - qui puisent leurs motifs dans la thématique florale, saisonnière et paysagistes chère à la poésie nippone dont le haïku est le meilleur exemple. Trois phrases pour vous appâter, vous mettre en appétit.
« J'ai respiré le paysage et maintenant pour dessiner je retiens mon souffle »
Et » Sous les pieds de la lune d’un bout de la terre à l'autre un chemin de sommeil »
Et aussi : « Le vieux poète sent peu à peu un vers qui le gagne comme un éternuement. »
A nos souhaits !