Le Cornet à dés
de Max Jacob

critiqué par MOPP, le 26 mai 2005
( - 87 ans)


La note:  étoiles
Un coup de dés jamais n'abolira le jeu de dés
Max JACOB et Pierre REVERDY sont les inventeurs du poème en prose moderne, cela se passe en 1915 - 1917.

Tout les oppose : JACOB est un adepte de l'ordre, de la construction précise d'un poème. Son style conduit à la "sensation de fermé" alors que celui de REVERDY est ouvert et très proche d'un RIMBAUD.

Avec JACOB, nous sommes mis en présence d'UNE atmosphère spéciale (le poème est un objet construit et non la devanture d'un bijoutier) alors que chez REVERDY chaque poème contient une réserve de significations indéterminées.

Max JACOB procède par petites phrases sans résonance musicale, mais c'est du beau travail "classique", du "bien écrit".

Prenons un exemple : il part d'une phrase ordinaire, d'un sujet quelconque de la vie réelle, et il poursuit en recopiant la même phrase tout en inversant les substantifs :

"Il y a des nuits qui finissent dans une gare. Il y a des gares qui finissent dans une nuit." (etc.)

L'ambiance est crée.

Nous terminerons par un autre exemple, poème complet, Les vrais miracles, page 119.

"Le bon vieux curé ! après qu'il nous eut quittés, nous le vîmes s'envoler au-dessus du lac comme une chauve-souris. Il était assez absorbé dans ses pensées pour ne pas même s'apercevoir du miracle. Le bas de la soutane était mouillé, il s'en étonna."