Mauvais garçon
de Willy Russell

critiqué par Cuné, le 24 mai 2005
( - 56 ans)


La note:  étoiles
Il était sur la route...
Raymond Marks est un ado grand, grand fan de Morrissey. Il lui écrit de nombreuses lettres, durant ce mois de Juin 1991 au cours duquel il entreprend un voyage en stop vers Grimsby. Là-bas, il doit commencer un "vrai" boulot sur les injonctions de son oncle. Petit à petit, Raymond se raconte à son idole et son histoire nous prend à la gorge.

Car Raymond a une plume, incontestablement. Il en a bavé grave, comme il dit, et son histoire racontée par n'importe qui d'autre que lui pencherait inévitablement vers le pathos le plus ennuyeux. Mais grâce au talent - prodigieux - de Willy Russell, c'est un festival d'humour, de tendresse, de coups de poings, de rebondissements, d'amitié et d'amour, mais surtout, de lucidité extrême.

Je défie quiconque de rester sur le bord, de ne pas sauter à pieds joints dans l'angleterre des Smiths, des années 1990, des bi-polaires, des amis homos et des mères aimantes, mais angoissées. Mention spéciale pour le personnage de la Mamie, qu'on aime instantanément et qui est une vraie bouffée d'air pur durant toutes ces pages.

On parle toujours de filiation avec l'Attrape-coeurs lorqu'on évoque un jeune héros en marge de la société, et ça m'énerve. Parce qu'ici, Raymond le Mauvais garçon nous donne à tous une leçon : se trouver est la question, s'accepter est la clef.

Lisez-le, je vous le demande.
Magie du moment ou vrai chef d'oeuvre ? 10 étoiles

J'ai lu ce livre à la naissance de mes enfants (des jumeaux) et voici trois ans et demi que je recherche dans mes lectures un tel aboutissement. Magie du moment ? Sans doute mais pas seulement. Dans l'enchevêtrement des événements qui marquent le parcours de ce mauvais garçon se glissent sensibilité, humour, noirceur, désanchatement et un paysage magnifique de l'Angleterre tatchérienne. Un pur chef d'oeuvre qui mérite toutes les attentions.

Flying Steve - - 53 ans - 9 septembre 2005