Quand l'Europe parlait francais
de Marc Fumaroli

critiqué par Veneziano, le 23 mai 2005
(Paris - 46 ans)


La note:  étoiles
Nostalgie d'une glorieuse influence
Je dois bien avouer que je la partage. Mais il faut dire qu'on s'y laisse facilement entraîner : cet ouvrage est érudit et riche en référence d'événements et personnages historiques qui ont contribué à cette grandeur politique, dont la langue a été l'instrument politique, économique et culturel ; et l'auteur écrit fort bien. Il est membre de l'Académie française, mais hérie plus de Chateaubriant par son style que d'Ionesco, à qui il succède en 1994 sous la Coupole.
Un beau livre. J'y ai appris énormément de choses.
Langue vectrice de culture 7 étoiles

Un parralèle à établir sans aucun doute ici avec "L'âge de la conversation" de Craveri, non pas que les sujets soient identiques, mais dans les deux livres on y prône cet amour (qui signifie supériorité, par moments) de la langue française.
A cette époque, parler français était une preuve flagrante de politesse. Utiliser la langue française devient un choix politique et culturel. A travers une large panoplie de portraits (Frédéric II, la grande Catherine, Benjamin Franklin, Lord Chesterfield et bien d'autres), Fumaroli démontre très bien cela, accompagnant son propos d'extraits de notes et de lettres des principaux intéressés.
Un usage linguistique très encouragé par la monarchie française ; c'est d'abord à la Cour qu'on parle le beau français, le reste du pays étant souvent livré aux patois les plus étranges (on sent d'ailleurs poindre à plusieurs reprises, dans le texte, une certaine nostalgie pour la Monarchie). Il faudra la Révolution et l'Empire pour tenter d'uniformiser la langue française un peu partout sur le territoire.
Très bel intérêt de Fumaroli pour cette langue qui, lorsqu'elle était utilisée avec pureté et beauté, encourageait les artistes et écrivains de toutes sortes, jetant les bases d'un développement littéraire qui connut alors de belles heures de gloire.

Sahkti - Genève - 50 ans - 23 mai 2005