En douce
de Karine Reysset

critiqué par Clarabel, le 4 mai 2005
( - 48 ans)


La note:  étoiles
Un vide immense ...
Une jeune maman décide un jour de "sauver sa peau", en partant de chez elle, son nourrisson sous le bras. Elle part, loin. Prendre un peu l'air, prendre du recul, bref elle part en bord de mer, dans la maison de sa grand-mère. Là elle va y couler des jours sans rien. Juste respirer l'air marin, allaiter son enfant, pleurer, faire le crapaud dans le fauteuil, faire des emplettes, ou une tarte aux pommes... Il y a un vrai gouffre dans le quotidien de cette femme qui, dans ce roman, s'adresse à cet homme qu'elle vient de quitter. Pour toujours, ce n'est pas sûr. Elle insiste sur le fait qu'elle veut juste prendre le temps, pour revenir ensuite, sans doute.
En chemin, elle fait la rencontre de Sarah, à l'accent britannique. Toutes deux passent quelques jours ensemble, à boire, à s'aimer, mais juste pour la gaudriole, pas de sentiments, dit Juliette, l'héroïne du roman.

On suit donc pas à pas la très lente éclosion d'une jeune femme paumée, en perdition, une maman-louve, une amante maladroite, une femme mal dans sa peau. Sa déroûte est touchante et agaçante. Ce court roman montre une très grande délicatesse et brode beaucoup de vide, beaucoup de rien. C'est parfois sensoriel, l'auteur use beaucoup des descriptions des lieux, des gens, des sentiments, comme le bébé à la peau géranium, les roches rouges, les calanques, la station déserte et cette maison où le grand-père avait décidé de mourir sur la mezzanine.
C'est bref, c'est silencieux, c'est terriblement déconcertant, pourtant c'est très sensible. Un petit livre sans aucune prétention, qui touche qui veut bien être réceptif à ce vide immense...