La belle jardinière de Éric Holder

La belle jardinière de Éric Holder

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Tistou, le 2 mai 2005 (Inscrit le 10 mai 2004, 67 ans)
La note : 7 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (22 898ème position).
Visites : 4 016  (depuis Novembre 2007)

Nouvelles.

Petit recueil de nouvelles dans la veine Holder. Genre Delerm, en plus consistant. Pas d’esbroufe, plutôt des petits riens. Enfin plutôt petites vérités plutôt que petits riens.
Dans "Le PMU" :
"On ne saurait trop recommander à l'étranger qui débarque pour le première fois en France, et qui désire se faire une idée exacte de notre pays, de pousser, dès qu’il le peut, la première porte au dessus de laquelle il verra inscrit P.M.U. Il a connu la Tour Eiffel, qui lui a parlé de notre génie inventif, le Louvre, et il a senti le poids de notre histoire-avec de la chance : le Bon Marché à six heures, où il aura pu constater que les petites femmes n’ont point disparu. Il lui reste à pénétrer un peu de notre âme, sa part poétique, si l’on préfère. … Ici, entrer dans un P.M.U., c’est entrer au Café du Siècle, de notre siècle. Nous-mêmes, avons-nous tant d’occasions de nous promener main dans la main avec notre enfance, si l’on excepte le Tour de France, et, dans une moindre mesure, le Jeu des Mille Francs ?”
Toujours une écriture simple, évidente, adaptée aux sujets.

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Douce France .....

10 étoiles

Critique de Alma (, Inscrite le 22 novembre 2006, - ans) - 16 mars 2021

Nulle référence au grand magasin parisien, ni au célèbre tableau de Raphaël, pas même à une quelconque mignonne cultivant ses fleurs dans LA BELLE JARDINIERE , ce court recueil de 100 pages et de 7 nouvelles paru en 1994 . Ce titre connote simplement le charme doux et tranquille de la vie rurale dans des coins perdus de la province française .

C'est le cas de Thierceleux, en Seine et Marne, évoqué dans la nouvelle intitulée justement AU MILIEU DE NULLE PART qui ouvre le recueil, donne le ton de l'ouvrage et évoque les travaux et les jours d'une population qui vit discrètement, au rythme d'autrefois, dans un confort rudimentaire .
On y coupe encore de l'herbe à lapins le long des routes, on s'y déplace à bicyclette et on y pratique toujours la batterie en fin de moissons « Elle est ici la fête primitive » . Un moment de travail épuisant mais collectif qu'on attend comme le couronnement des efforts d'une année entière « C'est une lueur en haut d'un puits » Il y parle des moments partagés au bistrot du village, de la cueillette des champignons et du plaisir de leur dégustation. Il y parle du PMU et du cérémonial qu'observent les turfistes « Ici, entrer dans un PMU, c'est entrer au café du siècle, de notre siècle »
Chacune des 7 nouvelles donne l'occasion au lecteur de s'imprégner de quelques ambiances. Celle des maisons modestes chauffées par un fourneau capricieux, celle de Colette où « tout est propre sans excès, confortable sans mollesse, doux sans mièvrerie ». L'occasion aussi de croiser quelques personnages, par ex Georges, l'ancien soldat aux yeux cassés qui vit dans une caravane, qui ne peut rien oublier de ce qu'il a vécu en Algérie et qui sirote un Ricard « son pansement ». Il y a aussi celui « qui a fait tous les métiers qui ne durent pas, et parfois aucun », et Nicole au visage ravagé «  On sentait en Nicole, pour moitié, de la souveraineté, pour moitié une fêlure ».
Eric Holder, toujours en empathie avec ses personnages, ne s'appesantit jamais. Il possède l'art de suggérer avec pudeur leur parcours de vie en quelques mots, d'une écriture caressante et minimaliste qui procède par petites touches, comme celles du pinceau d'un aquarelliste.

Eric Holder figure, dans ce court opus, comme un tendre passeur de mémoire . LA BELLE JARDINERE, c'est un regard sans passéisme sur des hommes et des coins de la France profonde, de la douce France de Trenet, d'une France en train de disparaître, mais que conservent, sous une autre forme les clichés ou les films de Raymond Depardon .



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