Mes modèles, femmes-nues à l'atelier
de Bernard Dufour

critiqué par Kinbote, le 17 avril 2001
(Jumet - 65 ans)


La note:  étoiles
L'artiste mis à nu par ses modèles
" Quelle différence se trouve entre une femme peinte de mémoire et une femme nue peinte d'après modèle : une femme-nue-à-l'atelier ? "
La voici définie cette femme-nue-à-l'atelier chère à Bernard Dufour, ce peintre figuratif révélé au grand public à la sortie, en 1990, du film " la Belle Noiseuse " de Jacques Rivette dans lequel il " jouait " les mains de Fenhofer, incarné par Piccoli. Pour Dufour, qui peint d'après modèle depuis près de 50 ans, les femmes-nues-à-l'atelier " aideraient à séparer la peinture du sens ", à atteindre " le réel absolu sans le fatras d'idées surajoutées ".
Dufour pose aussi le problème de la " ressemblance " (celle du dessin plus vive que celle de la photo) et de la charge mortelle contenue dans les photos de modèles au visage apparent. Ce qui l'a conduit à tirer de ses récents modèles des " photos noires " - au visage gommé, qui mettent toute la lumière sur les formes, sur la chair.
Le livre comprend une part iconographique importante riche d'une cinquantaine de photos de modèles et de peintures ou dessins tirés de ces photos. Les représentations sont très belles, certaines très crues, impudiques (l'impudeur est revendiquée par Dufour comme gage de la ressemblance et de la vérité en art), particulièrement celles de la Martine des années 70, sa femme et complice, le modèle préféré, la femme-nue-à-l'atelier par excellence.