Une nihiliste
de Sophie Kovalevskaïa

critiqué par Sahkti, le 21 avril 2005
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
Se révolter comme on peut
Tout d'abord, une envie, celle de remercier les éditions Phébus d'avoir enfin publié en français ce roman de Sophie Kovalevskaïa, dont la version originale a plus d'un siècle! Et puis souligner également le fabuleux travail de Michel Niqueux, qui a traduit l'ouvrage et doté d'un solide appareil critique.

On connaît Sophie Kovaleskaïa la mathématicienne, beaucoup moins la romancière. Dans ce récit, elle donne vie à Vera Barantsov, jeune fille issue d'une famille bourgeoise russe ruinée et endettée, au milieu du XIXe siècle. Petite, Véra rêve de grands espaces et de grands idéaux, elle se voit déjà défendre de nobles causes et mourir en martyr de sa foi en l'homme. Son voisin Vassiltsev un professeur déchu par les autorités, l'initie à la misère populaire. Elle tombe amoureuse de l'homme et surtout de ses idées mais la police tsariste arrête le dissident et l'expédie en Sibérie. Décidée à faire changer ce monde, Véra monte à Saint-Pétersbourg et ses rêves seront partiellement exaucés lorsqu'elle croise le chemin du combat révolutionnaire et s'engage à aller au plus près du peuple. La révolution gagne ses galons mais les espoirs de Véra sont déçus, elle espérait mieux que cela, plus grand, plus fort. Elle entre alors dans un groupe d'agitateurs politiques et tombe amoureuse de l'un d'entre eux, condamné au bagne sibérien, qu'elle suivra jusqu'au bout.

A travers ce roman en grande partie autobiographique, c'est le nihilisme que Sophie Kovaleskaïa décrit et défend. L'écriture est forte et tendre à la fois, l'auteur y a déposé toute sa passion et sa foi dans ce mouvement que d'autres pervertiront par la suite. Un texte certes romantique, peut-être un peu trop à mon goût par moments mais empreint d'une telle exaltation. Il faut à tout prix le resituer dans son contexte d'écriture, dans cette Russie tsariste totalement différente des mouvements révolutionnaires d'aujourd'hui à l'est.
J'ai trouvé ce texte touchant car en filigrane, derrière chaque mot, apparaît l'ombre de cette jeune mathématicienne souvent incomprise et rejetée, rebelle et sensible.
Des influences... 9 étoiles

Vera, benjamine de la noble famille Barantsov, est une enfant solitaire et un peu ignorée de ses proches. Avec l'endettement de sa famille et les conséquences de la fin du servage, la petite n'a bientôt plus de précepteur, et ses aînées ne daignent pas lui transmettre leur savoir. Un voisin, professeur révolutionnaire en exil, vient s'installer dans la propriété proche. La rencontre avec Vera, alors âgée de quatorze ans, le livre "Vie des Martyrs" sous le bras, persuade cet homme que sa présence et quelques leçons lui seraient bien utiles. Il convainc ses parents et entreprend son éducation.

Avec Vassiltsev, Vera découvre le monde qui l'entoure et prend conscience des agissements au sein même de son pays. Les idées de ce professeur forgent l'esprit de la jeune fille, déjà encline à se rebeller, à sauver la cause, à agir. Les années passant, les sentiments grandissant, cette osmose ne fait qu'amplifier.

Vera poursuivra son but, pourtant désabusée et ne trouvant pas ses marques pour accomplir ce dessein.

J'ai beaucoup aimé l'écriture de Sofia Kovaleskaïa, fluide et délicate. Ces pages sont traversées de sentiments puissants et de volontés profondes, ce qui offre à ce livre une intensité particulière.

Nathafi - SAINT-SOUPLET - 57 ans - 1 février 2014