Planète sans visa de Jean Malaquais

Planète sans visa de Jean Malaquais

Catégorie(s) : Littérature => Romans historiques , Littérature => Francophone

Critiqué par Antsirabé, le 17 avril 2005 (pamiers, Inscrit le 4 février 2005, 51 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (13 105ème position).
Discussion(s) : 1 (Voir »)
Visites : 4 399  (depuis Novembre 2007)

La france d'en bas...

Publié en 1947 dans l'indifférence totale, ce roman semble renaitre de ces cendres pour raconter avec force une histoire... L'histoire... Nous sommes à Marseille au début des années 40. Sale époque. Le grand port du mirage colonial, où naguère encore le Marius de Pagnol rêvait de brûlantes évasions, est devenu cette nasse où sont allés se prendre tous les indésirables de Vichy, chacun eux rêvant de s'embarquer vers une improbable Amérique. Autours grouille la foule ordinaire des ports; marin en rade, flics en civil, mouchards avec qui l'on trinque au zinc sans méfiance. Et derrière ce petit monde qui se marche dessus, les tireurs de ficelles habituels; fonctionnaires en peine d'avancement, ambitieux de tout poil profitant de l'époque pour frayer d'audacieux raccourcis en eau trouble.
Malaquais, sans rien perdre de sa verve mais en la jouant sur le registre grave, décide de prendre cette fourmillante matière à bras-le-corps, anges et salopards dans la meme étreinte. Et c'est une humaine, trop humaine, comédie qu'il brosse là... Il ne juge pas, ou si peu, cherche surtout à comprendre, quitte à se glisser dans la peau du lâche, de tous ces "braves gens" qui furent complice d'un grand crime, le plus grand peut-être, et qui ont cru pouvoir s'en tirer ensuite en disant " On ne savait pas"... magnifique...

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Les éditions

  • Planète sans visa [Texte imprimé], roman Jean Malaquais [préf. de Norman Mailer]
    de Malaquais, Jean Mailer, Norman (Préfacier)
    Phébus / D'aujourd'hui (Paris. 1988).
    ISBN : 9782859405793 ; 23,85 € ; 08/04/1999 ; 556 p. ; Broché
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UN AUTEUR Né

10 étoiles

Critique de Bertrand-môgendre (ici et là, Inscrit le 9 mars 2006, 68 ans) - 2 mars 2008

Jean malaquais nous embarque dans un autre monde avec son écriture fine, précise.
Celui de la littérature provenant d'un laborieux petit artisan capable de réaliser un chef-d'oeuvre après avoir sur l'établi maintes fois paufiner son ouvrage.
Le texte sent le vieux, le texte fleure bon le papier jauni de ses livres oubliés qui n'ont d'existence que celle d'une tranche épaisse dont la reliure terni souligne à peine les caractères effacés d'un titre sans accroche.
Planète sans visa écorne les boeufs rondouillards de nos contemporains enkilosant les têtes de gondole des supermarchés de livres à succès.
Le jeu est stupide, la mise en scène , l'intrigue ennuyeuse, mais alors mes amis, question images, quelle force.
En lisant ce livre j'ai l'impression de visionner un grand du cinéma muet. Tout est dans la présence des personnages, le regard des acteurs qui transmettent leurs émotions avec un simple battement de cils.
Planète sans visa n'appartient pas aux classiques car inexixtant dans les références.
Planète sans visa ne ressemble pas non plus aux ouvrages modernes. C'est un lieu tenu secret, n'attendant plus rien des rares visiteurs sinon l'intérêt du moins la curiosité.

QUELQUES EXTRAITS et morceaux choisis :
Décharné, le teint hâve, macérant dans seshabits tel un achorète dans sa discipline, ...
...des lits jumauxconfondent leurs bras...
...le teléphone sonna. Il le laissa sonner.
On frappa à la porte. Il la laissa frapper.
...J'ai passionement aimé enseigner la philosophie à mes élèves toutes ses années durant. Comme toutes choses, les passions s'éteigent, on change d'objet, d'autres accadémies me requièrent :celles des camps de réfugiés. Des classes, des cercles d'études y surgissent spontanément, que ce soit pour apprendre les tables de multiplication ou se faire expliquer le système des mondes engloutis. En sorte que la question de l'élève vêtu de tweed ou de celui qui grelotte dans sa veste en loques, lequel a le plus besoin que je lui parle du poids de la lune ? Cette question là se passe de réponse.

Et puis voilà, qu'au chapître VI Jean Malaquais l'artiste méthodique révèle une partie du tableau suite à un long travail de préparation multipliant les sous-couches aux apprêts indispensables pour une bonne accroche.
Entre en scène les époux Heanschel qui rapportent la première palme pour leur interprétation remarquable. Un bijoux théâtralisé. Merci monsieur Malaquais pour cette leçon d'écriture.
Vous me faites penser à ces chercheurs préoccupés à observer au microscope un monde non perceptible au commun des mortels, soucieux de retranscrire scrupuleusement chaque détails de leurs observations sur des liasses de papiers griffonnés qui ne seront probablement lues et relues que par vous même et les autres spécialistes en la matière.
Vous êtes ce type d'individu dont la science s'enorgueilli de posséder la matière grise de génies, post mortem.
Amis de la littérature, cet auteur est incontournable.

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  planète sans visa 5 Bertrand-môgendre 6 mars 2008 @ 20:12

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