Comment respirer sous l'eau de Julie Orringer

Comment respirer sous l'eau de Julie Orringer
( How to breathe underwater)

Catégorie(s) : Littérature => Anglophone , Littérature => Nouvelles

Critiqué par Sahkti, le 11 avril 2005 (Genève, Inscrite le 17 avril 2004, 50 ans)
La note : 6 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 3 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (25 052ème position).
Visites : 3 936  (depuis Novembre 2007)

Perversité et souffrance

Publié en anglais sous le titre "How to breathe underwater. Stories", ce recueil de Julie Orringer est par moments terriblement oppressant. Des récits caustiques, tranchants, noir de noir, qui racontent les méfaits des uns et des autres, la plupart du temps commis par des enfants qui, on le sait, peuvent se montrer particulièrement cruels. Beaucoup de perversité, reproduction des comportements des grands par les petits (dans ce recueil, on torture un enfant noir, on se livre à des attouchements sexuels incompris, on tue des poissons rouges par pur sadisme...), tout, dans le livre de Julie Orringer tend à démontrer la fragilité du lien séparant le jeu de l'interdit. Un geste, un acte commis sans en avoir l'air et nous voilà plongés dans l'univers effrayant du crime. Cela provoque une angoisse certaine, mais aussi un lot de questions sur les normes, sur les moeurs, sur les caractères enfantins et adultes, sur les repères que l'on se crée...
Julie Orringer manie cette fragilité des certitudes avec talent, même si je reproche quelques maladresses à son écriture, par instants trop académique ou trop soignée, manquant de naturel, mais cela est peut-être dû à la gravité des problèmes qu'elle soulève.

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prenant, malgré soi

9 étoiles

Critique de Catva (, Inscrite le 14 juin 2006, 53 ans) - 31 juillet 2006

Un recueil de nouvelles marquant : chacune des histoires a une intensité qui prend aux tripes, mettant en scène des enfants ou adolescents pris au piège de la cruauté de leurs jeux, des adultes, des normes sociales...Une écriture simple et claire, des sentiments forts et justes.

J'ai beaucoup aimé : peu d'auteur de nouvelles ont cette intensité, et la noirceur n'est jamais gratuite!

Cruautés d'enfants, mais encore ?

8 étoiles

Critique de Clarabel (, Inscrite le 25 février 2004, 48 ans) - 29 juin 2005

Dans un ensemble de 9 nouvelles, "Comment respirer sous l'eau" propose les plus diverses déclinaisons des perversions enfantines et adolescentes, des gestes qui partent sous le coup de la jalousie, l'envie, la colère, voir la haine et le désespoir ! Comme dans la nouvelle qui donne le titre au recueil de Julie Orringer, on assiste au face-à-face entre un frère et une soeur, fâchés depuis la mort accidentelle de la petite amie de celui-ci. Il en veut à sa soeur d'avoir survécu, presque, de ne pas s'être noyée en même temps que la jeune fille, puisqu'elles étaient ensemble au moment de l'accident. Mais au-delà des rancoeurs muettes, l'auteur propose davantage. Autre que les basses vengeances et les coups par derrière.

De toute façon, des neuf textes du livre, le lecteur est à chaque fois embarqué par le nouvel univers créé, proposé, exposé. Souvent il s'agit d'une nouvelle confrontation entre cousines, amies, frères ou soeurs. Parfois aussi, il s'agit du seul contre tous, comme dans "Consignes à l'usage d'une fille de sixième", où la fillette devient le bouc-émissaire de sa classe pour avoir su danser avec grâce avec le garçon le plus convoité de l'école !.. Aussi, l'injustice semble plus contagieuse et quelquefois couverte sous des dehors aimables et polis, des convictions religieuses appuyées, une dévotion dévorante ! Mais au-delà d'une telle croyance, pratiquante et exacerbée, se cachent parfois des déviances, comme celle de la petite juive fascinée par la lecture d'un livre interdit ("les plaisirs orientaux expliqués aux occidentaux") ! Le vice semble flirter avec les attouchements prohibés, en cachette dans une navette de Space Mountain par exemple ("Ce que nous gardons").

Au-delà des actes répréhensibles, se camouflent souvent la maladie, le divorce, la solitude ou la drogue. Les enfants semblent être les victimes ?.. Qui pourrait expliquer l'agissement des chérubins, autrement ? Quand une bande de gamins chahuteurs s'en prennent à l'une d'entre eux et cachent leur crime à l'aide de feuilles mortes ?.. Ou qu'une cousine assiste à la danse lascive, jalousant farouchement le corps parfait de la fille de son oncle, lui souhaitant d'être embarquée par la police pour avoir menti et être entrée par effraction chez une inconnue ?.. Que votre amie vous avoue qu'elle se sauve à Las Vegas se marier avec votre petit copain et vous laisse comme un rond de flan sur un matelas gonflable ?.. Ou qu'une toute fraîche communiante décide de reproduire la scène du chemin de croix avec un jeune garçon noir ? Bref, Julie Orringer a su merveilleusement jongler avec toutes les alternatives ! Le plus effrayant ou épatant est de s'apercevoir que, sous couvert de toutes perversions, la plupart des protagonistes sont des êtres ordinaires, et que seule l'innocence de leur âge pourrait excuser l'étendue des drames auxquels ces chérubins semblent s'exercer en toute ingénuité. Et encore ?.. Mais en ce qui me concerne, j'ai beaucoup aimé !


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