Cartes postales
de Annie Proulx

critiqué par Eireann 32, le 2 avril 2005
(Lorient - 76 ans)


La note:  étoiles
Les errances de monsieur Loyal
Peu avant la fin de la guerre au nord des Etats-Unis, Loyal Blood fuit après avoir tué Billy sa fiancée, tout en faisant croire qu’elle est partie avec lui. Une longue errance commence alors, ponctuée d’une carte postale par an de Loyal qui ne donnera jamais son adresse.
Dans le Vermont, la famille Blood survit plutôt mal que bien, dans la misère, sans électricité ni confort. Le père est un sauvage pour qui l’ancienne méthode est la meilleure, les enfants sont régulièrement battus, la mère tente de donner une apparence humaine à leur vie. Loyal a un frère manchot Dub et une petite sœur Mernelle perdue dans cette famille. Nous suivrons par l’intermédiaire de cartes postales les vies de chacun, qui ne se recroiseront plus. La ferme familiale brûle, le père et le fils sont emprisonnés pour incendie volontaire, le père se suicidera en prison. Mernelle elle se mariera et sera heureuse.
Loyal connaîtra mille boulots et mille misères, comme par exemple mineur, où il verra mourir un collègue de travail. Puis il sera chasseur de météorites. Il finira ses jours trappeur. Il défendra jusqu’au bout une certaine conception de la chasse et des pièges pour les fourrures, coyotes etc. Il préférait relâcher les coyotes dont la fourrure ne lui paraissait pas de grande qualité que de les abattre. A court d’argent il se fera embaucher comme contremaître dans une ferme. Puis vaincu par le modernisme il mourra quasi clochard après une vie solitaire, juste égayée sur la fin par la présence d’un ami Jack et l’amour qu’il porte à Starr, la femme de cet ami, pourtant même la mort de Jack ne lui fera rien dire. Loyal portera en lui toute sa vie la mort de Billy lui interdisant toute vie familiale.
L’écriture est rythmée, un peu éclatée pour nous permettre de suivre ce puzzle qui constitue la vie de cette famille et de leur entourage. La nature est toujours là, et le massacre de certaines espèces animales par l’homme, pour des questions de rentabilité, est dénoncé par l’auteure.