La Chute d'Habacuc et autres nouvelles de Ēriks Ādamsons

La Chute d'Habacuc et autres nouvelles de Ēriks Ādamsons
( Abakuka kriš̌ana : noveles)

Catégorie(s) : Littérature => Européenne non-francophone , Littérature => Nouvelles

Critiqué par Sahkti, le 31 mars 2005 (Genève, Inscrite le 17 avril 2004, 49 ans)
La note : 8 étoiles
Visites : 4 092  (depuis Novembre 2007)

La Lettonie en arrière-plan

Eriks Ãdamsons (1907-1946) est un auteur letton peu connu dans les pays francophones. Dans "La chute d'Habacuc et autres nouvelles", nous nous trouvons face à sept récits écrits en 1931 et 1942, à une période où Ãdamsons vogue entre dépression et euphorie. Sa vie privée n'est pas des plus réjouissantes et cela transparaît fortement dans ses textes, nouvelles sombres et amères pour certaines, complètement loufoques pour d'autres. Le reflet exact des humeurs de leur auteur.
La préface de cet ouvrage en apprend sur ce point pas mal sur les états d'âme de l'auteur mais, malheureusement, très peu sur lui en tant qu'écrivain; nous ne saurons rien ou presque de ses goûts artistiques et littéraires.
Passons en revue quelques-unes des nouvelles du recueil.

La nouvelle qui porte le titre "La chute d'Habacuc" est un petit régal de cruauté, de tristesse mais aussi d'espoir. Un rythme bien structuré, une évolution linéaire accentuée d'une tension croissante, un personnage auquel on s'attache de suite, brave Aleksandrs Papîrs, qui découvre sur le tard comment il doit vivre, respirer et aimer. En quelques pages, quelques heures, ce personnage passe du noir au blanc, quitte son costume d'adulte triste pour vivre comme un gamin malicieux.
C'est peut-être la nouvelle dans laquelle Eriks Ãdamsons s'y raconte le plus, esquisse sa vie et le carcan familial et social dans lequel il étouffe.

"A califourchon" est un régal de sociologie et de cruauté humaine. En une vingtaine de pages, Eriks Adamsons nous brosse le portrait d'un jeune homme amoureux, Teodors Alpers, aveuglé par sa jalousie au point d'en devenir superbement ridicule. Un personnage intéressant à cause de son arrogance et de ses jugements, de toutes ces petites choses qui en font un être 100% nature, ne cachant rien de ses émotions et de l'impact qu'elles peuvent avoir sur sa conduite. Après lecture de la préface, on se dit que cette nouvelle est autobiographique.

Dans la nouvelle "X et Y ne font qu'un", Ãdamsons joue avec la sobriété et le mystère. Un train, deux êtres, une rencontre, une fusion, beaucoup de zones d'ombre, une attirance incontrôlable. Une belle ambiance feutrée se dégage de ces lignes.

"Une infinie pureté" m'a moins attirée, la maniaquerie et le côté répétitif des ablutions de Rihards Beitans, obsédé par la propreté, alourdissent un peu le récit et la fin est plutôt prévisible. L'écriture reste très agréable et soignée mais les idées peut-être moins originales qu'espéré.

La nouvelle "La rose jaune" m'a profondément agacée, trop de romantisme et de symbolisme, un petit côté guimauve qui m'a dérangée. La renaissance d'un être parallèlement à l'éclosion d'une fleur. Beaucoup trop de bonne morale à mes yeux, mais sans doute encore, quelque part, le reflet de la société dans laquelle a évolué l'auteur.

Un recueil à découvrir, pour y discerner l'auteur entre les lignes, son pays, son époque, tout est là, dissimulé ou clairement énoncé. Des nouvelles pleines d'espoir et de souffrance, à l'image de nombreux auteurs trop longtemps opprimés par des régimes politiques divers pour lesquels l'écriture était à bannir car perturbatrice.

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