Marées
de François Solesmes

critiqué par Sahkti, le 28 mars 2005
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
Ô mer mortelle...
Un bel objet. Papier épais et granuleux, si beau qu'on a envie de le protéger. Livre lourd et de bon format, l'objet est là sous mes yeux et je ressens déjà de l'attachement pour ce "Marées". L'éditeur Encre Marine a fait un beau travail, la typographie délicate et grise marine me séduit.
Ce n'est pas mon premier Solesmes, j'avais succombé à son "De la caresse", mélange subtil de poésie et d'érotisme, léger, presque aérien.

Plongée dans les mots, dans les lignes. Petit temps d'adaptation, j'ai du mal à accrocher. Voyons, refermons le livre, quelques minutes de pause puis reprenons... diantre... j'ignorais qu'il fut possible d'employer autant de mots et de pages pour raconter la mer. Il y a de la passion derrière tout cela, un gros souci d'esthétisme également. Solesmes joue avec les termes, les habille, les embellit... ça finit par rendre le résultat complètement figé, artificiel, plus aucune chaleur ni naturel. Une mer fixée sur papier, belle et rigide, mortellement immortelle.
L'ennui commence. Et je m'en voudrais presque de m'arrêter à un simple blocage de langage. Je tourne les pages. La mer, encore elle. Pourtant, qu'est-ce que je peux l'aimer cette mer! Sauvage de préférence mais aussi calme et turquoise, celle de ma jeunesse dans le Pacifique.
Rien à faire, j'ai l'impression de lire la même histoire de page en page mise à toutes les sauces, répétée en 1001 versions dont le fond est identique.

Arrive une femme. Tiens, une présence, un être humain, une tonalité différente? A peine. Le ton reste le même, les descriptions se suivent et se ressemblent. La mer est toujours bien présente mais fait désormais concurrence avec une femme, féminité incarnée et féminité symbolisée. De quoi créer l'étincelle, il n'en sera rien. L'ennui se poursuit, je ne m'en veux même plus, je n'aime pas et puis voilà, il n'y a pas tout le temps l'explication précise qui permet de comprendre ou de savoir pourquoi, c'est comme ça. On n'intellectualise pas l'ennui, on le ressent et ça suffit amplement.
Je suis complètement passée à côté de cette lecture. L'érotisme supposé se dégager de la dernière partie du texte, cette fusion entre deux êtres qui enfin se concrétise me laisse froide et extérieure, sur le bord d'un chemin que je m'empresse de rebrousser.
Dommage pour Encre Marine. Si l'emballage est beau, il ne contient rien de particulier pour moi.