Lire aux cabinets
de Henry Miller

critiqué par Kinbote, le 7 avril 2001
(Jumet - 65 ans)


La note:  étoiles
un guide de savoir-vivre
Contrairement à ce qu'on pourrait s'attendre d'un auteur entouré d'une aura provocatrice, Heny Miller ne prescrit pas de lire dans ce lieu dit d'aisances.
Pour lui, les cabinets doivent rester cet endroit exclusivement dévolu à l'évacuation. Fort de sa lecture de Nietzsche, Henry Miller aspire à une société passée maître dans l'art d'éliminer ses déchets de pensée, "tout ce qui est laid, inutile, mauvais et nuisible dans la vie quotidienne ", de façon à avoir l'esprit ouvert pour embrasser l'avenir. Il reproche à son époque - qui sur ces points n'a pas changé - cette manie de courir après les informations, de cumuler les activités, dont la lecture au " petit coin " n'est qu'un des avatars, au risque de n'être pas tout entier dans une seule : manger, dormir...
A tout prix, déplore-t-il, on cherche à gagner du temps au risque de perdre l'instant présent. Il pose ainsi la question du temps "libre ", qu'on a trop tendance à limiter, et invite à se concentrer sur ce que l'on fait en remarquant que " méditer sur le problème du jour est la dernière chose que désire faire l'individu normal ". Sur le siège, plutôt méditer donc que lire. " Si je pouvais vous donner une pensée à emporter chaque jour avec vous aux water-closet, ce serait: méditer sur le temps libre ". Une réflexion sur la lecture qui se révèle être un guide pratique de savoir-vivre.