Paris au XXe siècle
de Jules Verne

critiqué par Sibylline, le 20 mars 2005
(Normandie - 73 ans)


La note:  étoiles
Les cent ans de Jules
Pour qui, comme moi, aime Verne, ce roman là est quelque chose de très particulier. Il faut savoir que Pierre-Jules Hetzel, son éditeur en titre, le refusa. Je pense qu’on peut dire qu’il eut bien raison. A ce propos, la quatrième de couverture, transforme la lettre de refus en argument de vente en citant un court extrait qui dit «Mon cher Verne, fussiez-vous prophète, on ne croira pas aujourd’hui en votre prophétie». On comprend que ne soit pas cité d’extrait plus long, puisque cette lettre de refus disait également «Je m’étonne que vous ayez fait d’entrain et comme poussé par un dieu une chose si pénible et si peu vivante»
Et c’est ainsi que, terminé en 1863, parmi ses premiers romans, pour décrire 1960, il ne sera publié qu’en 1994 par son arrière-petit-fils. On joue avec le temps et après avoir voulu le devancer on se retrouve dépassé.
Pour en revenir donc à l’objet de ce livre, ainsi que le titre l’annonce clairement, il s’agissait pour J. Verne, de tenter de deviner et de décrire le Paris de 1960, soit un siècle plus tard. On y trouve les prédictions les plus justes (automobiles individuelles, tours d’habitation, multiplication des lignes du réseau ferré etc .), mais tout autant des erreurs car Paris n’est pas devenu un port de mer, comme il nous le présente ici, les œuvres d’imagination n’ont pas fait mine de disparaître et les navires ne se sont jamais mis à couler pour cause de blindage de la coque les rendant « trop lourds pour flotter ». Si Verne croit à l’électricité, il n’a pas prévu que surgiraient de toutes nouvelles technicités comme le téléphone, pour ne rien dire de l’électronique ou de l’informatique. S’il voit les trains rouler beaucoup plus nombreux et plus rapides, il imagine toujours le conducteur dans sa locomotive ouverte à tous les vents.
C’est pour tous ces détails que ce livre est malgré tout intéressant ; et quand je dis «malgré tout», il faut bien avouer que c’est malgré un scénario anémique, un récit sans surprise ni rebondissement et tout autant dénué d’aventure, une histoire sentimentale niaise, qui de plus tourne court, et une fin en queue de poisson. Excusez du peu.
D’autre part, de façon un peu déconcertante, mais bien naturelle si l’on prend le temps d’y réfléchir, ce que Jules Verne n’a pas su faire évoluer, c’est la mentalité des gens. Et se retrouver en 1960 avec des messieurs qui ont l’esprit de ces gentlemen du19ème, ça fait drôle. Le sexisme, comme une évidence, le chauvinisme cocardier et les morceaux de bravoure militaire… On se souvient d’un coup qu’on est encore avant la Commune.
Mais donc, malgré tout cela, et bien que j’aie vu dès les premières pages que ce livre serait ainsi, je l’ai lu jusqu’au bout car il m’a semblé très intéressant de savoir comment, en 1860-63, un certain Jules Verne, d’esprit plutôt visionnaire, imaginait Paris 100 ans plus tard. Je me suis demandé ce que j’imaginerais moi, si je devais tenter de décrire le Paris du siècle prochain et j’en ai été bien incapable. J’avais très envie, même si le reste de l’histoire était bien faible, de savoir ce que Jules avait, lui, répondu à cette question. De ce point de vue, c’est un roman, vite lu et qui mérite sans doute de l’être ; en tout cas, c’est ce que j’ai pensé.



A noter : Comme il a écrit ce roman avant la mort, jeune, de Napoléon IV (1879), Verne croit que le monarque fera une brillante carrière et laissera sa marque dans Paris, en particulier avec des boulevards à son nom.
Hetzel a eu bien raison 4 étoiles

Hetzel a eu bien raison de ne pas publier cette oeuvre plate après le relief de 5 semaines en ballon. Hormis quelques prédictions techniques intéressantes, qu'elle se soient avérées ou non, c'est la platitude absolue, une succession d'énumérations fastidieuses et épuisantes , de détails superflus. Exemple, un chapitre entier pour donner le détail de l'errance de Michel dans les rues de Paris, ( il tourne dans la rue machin, tombe sur la place X, se perd, prend l'avenue... ) interminable ! Si encore le " héros " était sympathique ! Il est amorphe lymphatique incapable et je dirais paresseux. "Traverses la rue et tu trouveras du boulot", lui aurait dit Macron. Quant au dernier chapitre, Jules Verne était à cours d'imagination pour trouver une chute qui aurait peut-être sauvé la platitude du scénario. Le fils de Jules Verne, Michel, a dû se demander quelle inspiration ou comparaison a poussé son père à donner le prénom de son fils à ce héros minable !
Fan de J.V., je range ce livre dans les erreurs de jeunesse. et bravo au rédacteur de la 4ème de couverture (Piero Gondolo della Riva, ou Véronique Bedin ?) pour son texte joliment vendeur.
2019-01-13

Krapouto - Angouleme Charente - 78 ans - 13 janvier 2019


Un Verne mineur 3 étoiles

Malgré l'attrait procuré par le côté "inédit" ou plutôt "fond de tiroir", j'ai été assez déçu par cet ouvrage, où l'on ne retrouve pas vraiment ce qui a fait le succès de Verne, c'est-à-dire les personnages charismatiques et l'aventure.

Malgré des analyses sur les temps à venir assez incroyables de justesse, on s'ennuie un peu au fil des pages, et on sent que la jeune plume de Jules n'est pas encore complétement arrivée à maturité... De plus, ce style légèrement teinté de science-fiction n'est pas le fort de l'écrivain.

Pour les fans uniquement (ils seront quand même déçus mais bon...)

Thomasdesmond - - 43 ans - 23 mai 2005