La femme du boulanger
de Jean Giono

critiqué par Jules, le 10 mars 2005
(Bruxelles - 79 ans)


La note:  étoiles
Un peu long
Ce livre contient trois pièces de Giono dont « La femme du Boulanger » est la plus importante. Je limiterai donc ma critique à celle-ci.

Honoré, appelé dans la pièce « Le boulanger », tient son commerce dans un tout petit village et est le seul boulanger à environ une trentaine de kilomètres à la ronde. Il est marié avec Aurélie qui en affole plus d’un. Dès les premières répliques on comprend que son mari lui tape sur les nerfs et qu’elle a un autre en tête. Il faut avouer qu’il est crispant, le boulanger, tant il veut bien faire et ne cesse d’interroger sa femme sur sa santé ou ses désirs.

Bref, elle part avec un autre, un berger, et le boulanger se retrouve seul. Il se fout une cuite pas possible et décide qu’il ne fera plus de pain tant que sa femme ne sera pas retrouvée et revenue. Dans un premier temps, il se déclare mort et tente de se faire passer pour tel. Cela lui permet de dire ce qu’il veut à qui il veut, y compris au curé, à l’instituteur et au baron du château.

De très longs dialogues vont se créer entre le boulanger et Agénor, le baron. Ce dernier trouve le boulanger assez inhabituel dans ses raisonnements et il l’amuse. Mais voilà Honoré qui se trouve forcé de revenir à la vie, son stratagème ayant été dévoilé par les « demoiselles » du baron. Il dit : « Qui n’a pas rêvé, à un moment donné, d’effacer la vie ?…. L’embêtant c’est que la vie, il faut la vivre à la file. Ca commence et, à partir de là, ça tire du long jusqu’à la fin. »

Tout le village se met à la recherche d’Aurélie et de son berger, alors que la nuit est tombée.
Honoré et le baron ont tous les deux compris deux choses essentielles :

- Le village cherche Aurélie et le boulanger peut presque tout exiger de lui. Pas du tout parce qu’ils l’aiment, lui le boulanger, mais parce qu’il fait le pain et qu’ils ont peur de ne plus lui trouver un remplaçant. Un court moment de sa vie, voilà qu’il a tous les droits…
- Les hommes et femmes du village profitent aussi de ces recherches dans les bois et dans la nuit pour se mélanger. L’une cavale derrière l’un et l’un cavale derrière l’une.

Le boulanger est bien moins niais qu’il ne le paraît !… Se présente Aurélie…

Cette pièce contient indiscutablement des longueurs, mais ne manque pas de psychologie ni de belles phrases. J’y ai retrouvé une pensée que j’ai citée dans ma critique du livre « De Marquette à Vera Cruz » de Jim Harrison à propos de la capacité des hommes de supporter la vérité. Le boulanger dit : « Un peu de vérité, je ne dis pas, mais beaucoup de vérité, il faut se rendre compte des choses. Je me fais vieux, qu’est ce que tu veux, une clarté un peu vive ça me gêne, ça me pique les yeux. »

Pour terminer, je dirais que cette pièce n’est pas nécessairement à lire. Je ne la classerais pas parmi les meilleurs écrits de Giono.