Néropolis
de Hubert Monteilhet

critiqué par Pendragon, le 6 avril 2001
(Liernu - 53 ans)


La note:  étoiles
Roman des Temps Néroniens
Neropolis est le roman le plus historique qui soit, mais c'est aussi l'histoire la plus romancée de cette période romaine...
Néron est devenu Empereur de Rome, il aime Rome, ses fastes, sa puissance, ses possibilités. L'époque est troublée, le Christ est mort et ses disciples parcourent le pays afin de convertir un maximum de gens. Ils sont ennuyeux avec leur monothéisme à l'encontre des religions habituelles... et Néron veut faire de Rome la capitale du monde.
En plus de mille pages, Hubert Monteilhet nous montre la relation qui lie ces deux événements, la vision illuminée que Néron avait pour sa ville, Rome la Grande, et la montée du christianisme. Car s'il est un peu exagéré de prétendre que Néron était fou, il est vrai de le présenter comme la majorité des empereurs romains : complètement mégalomane ! Mais Néron est avant tout un visionnaire, il veut que Rome soit la plus belle et la plus moderne des villes d'Europe. Rome ! Il ne rêve que de cela, il ne pense qu'à transformer les rues, les maisons, les égouts (hé oui, déjà). Il veut faire de cet amalgame inepte de taudis une capitale digne de ce nom.
Comment faire, sinon en appliquant la "tabula rasa " chère aux romains. Bien sûr, cela conduira au grand incendie dont l'histoire nous a laissé des images : Néron, à moitié fou, jouant du violon en contemplant Rome calcinée. Monteilhet fait une mise au point, ce n'était pas un violon mais une lyre, il n'était pas fou, il voulait reconstruire une ville moderne ! Un empereur qui brûle sa propre ville, cela ne se peut ! Les chrétiens seront donc les boucs émissaires... et la boucle est bouclée.
Montelheit a réussi là un chef-d'oeuvre, c'était une dure gageure d'écrire un si long roman sur cette courte période d'histoire sans le rendre ennuyeux. Il a réussi ! Ce roman se dévore d'une page à l'autre, on est sublimé par la force et la richesse des détails, on est plongé dans cette Rome magnifique, on est partagé par la vision de ce Néron si mal connu, on vit cette époque troublée et troublante !
Si l'Histoire vous intéresse, vous aimerez le style et la description de Montelheit qui présente l'Histoire en marge d'elle-même.
La crudité du réalisme 10 étoiles

L'époque où Néron a exalté sa violence de vivre, où les apôtres prêchaient dans les latrines, où le respect de soi-même et des autres appartenait à quelques rares individus entre la peur, pour soi et les siens, et la croyance en ..ce qu'on pouvait !
Une très belle (et relativement fidèle) histoire d'un pan de notre passé à tous : fascinant, constitué de personnages réels (faibles, lâches ou héroïques) qu'importe, un moment où l'histoire s'est forgée.
Une très belle oeuvre, dure et féroce, belle dans l'écriture, cruelle dans le contenu, mais dont nous relevons...
Et quelle superbe approche, sans hypocrisie des débuts du christianisme !
Un très beau pan de notre passé dont il serait dommage de faire l'impasse ! A vous de voir !!!!
J'ignore qui est Monteilhet, mais cet ouvrage est beau !

DE GOUGE - Nantes - 67 ans - 5 septembre 2012


L'analyse de Patryck Froissart 10 étoiles

Titre : Neropolis
Auteur : Hubert Monteilhet
Editeurs : Julliard et Pauvert – 1984
ISBN : 2260003745
747 pages


Marcus Aponius, sénateur romain, veule, et cupide, est soudain ruiné par un caprice de l’empereur Caius, qui, ayant besoin d’argent liquide, l’oblige à lui racheter une de ses équipes de gladiateurs pour une somme astronomique.
Son épouse en meurt de chagrin, lui laissant deux fils, Marcus et Kaeso.
Quelque temps plus tard, sa nièce Marcia, jeune, fraîchement veuve et divinement belle, lui propose le mariage à l’exemple de l’empereur Claude, qui vient d’épouser sa propre nièce, et qui accorde ses faveurs impériales à qui veut bien l’imiter.
La fortune sourit alors, de nouveau, à Marcus, qui souffre toutefois de se voir refuser, sauf lorsqu’il insiste, la couche de sa belle épouse, étant convenu entre eux que leur mariage resterait acte de pur opportunisme.
Les années passent. Marcia entretient la maison sur un grand pied grâce aux largesses de ses nombreux amants, qu’elle choisit avec un art consommé de la séduction, parmi les plus riches et les plus haut placés des notables impériaux.
Les enfants de Marcus grandissent, et une passion incestueuse naît entre Marcus junior et sa cousine et belle-mère, qui, devenue célèbre courtisane, pousse son beau-fils dans « l’ascenseur social » jusque dans le lit…de Néron, qui collectionne épouses, concubines, maris et amants.
La relation tumultueuse entre Marcia et Marcus, qui, après une rencontre avec l’apôtre Paul, se sert du prétexte qu’il veut se convertir au christianisme pour repousser les avances de Marcia et celles de l’empereur, constitue l’intrigue maîtresse de ce roman fleuve au cours duquel l’auteur décrit complaisamment, et…plaisamment, les vices et la débauche effrénée de l’époque impériale, orgiaque et flamboyante (on y assiste, évidemment, à l’incendie de Rome par Néron), où toutes les expériences sexuelles sont encouragées au plus haut niveau, où les notables rivalisent d’ingéniosité et de cruauté dans l’organisation de jeux d’arène sanglants, où la capacité de corrompre figure parmi les qualités les plus nobles.

Le livre fourmille d’éléments tirés d’une documentation érudite, le discours est souvent brodé d’humour noir, de situations décalées, de comportements et de dialogues parfois, volontairement, anachroniques par leur modernité, et les personnages historiques, romains, païens, chrétiens et juifs y sont mis en scène et s’y rencontrent.

Le lecteur s’amuse : il devine vite que le dessein de l’auteur est, justement, de le distraire en l’instruisant.

Aventures, péripéties, passion, stupre, sang, dépaysement, événements historiques, tous les ingrédients du grand romanesque sont présents, et sont talentueusement dosés. S’y ajoutent des pages très « philosophiques », et des descriptions minutieuses, parfois pointillistes, du quotidien de la vie des Romains de cet âge qu’on peut qualifier, au choix, après avoir lu Monteilhet, de baroque, de brillant, de décadent, de cruel, mais qui éveille immanquablement la nostalgie d’une époque qu’on aurait aimé connaître par la chair et par l’esprit…

Un chef d'oeuvre du genre...

Patryck Froissart, Boucan Canot, le 25 décembre 2007

FROISSART - St Paul - 76 ans - 25 décembre 2007


Comme d'habitude! 8 étoiles

Ayant lu le livre récemment, je désirais me renseigner sur les critiques à son propos...
J'ai pu constater qu'elles se tournaient toutes dans le même sens!!!Je n'ai trouvé que très peu de critiques négatives et je me dois d'y ajouter la mienne...
Ce livre m'a complétement envoûtée et je l'ai lu à une rapidité croissante... Si je dois regretter une minuscule chose, c'est peut-être les détails quelque peu voyeurs qui jalonnent le livre ( mais il est vrai qu'il est difficile d'y échapper si l'on parle de la Rome antique... ) c'est donc une chose très excusable car elle n'est rien comparée à la quantité de ce que l'on apprend en lisant le livre...
Je crois que la critique révèle assez bien l'admiration que j'ai pour le livre!

Jalaga - - 34 ans - 25 août 2005


l'historien mieux que le romancier 8 étoiles

L'histoire tirée, par les cheveux, qui serpente au fil des pages, n’empêche aucunement le lecteur de s' immerger avec délices dans la Rome d'il y a deux mille ans.

Nangiu - - 84 ans - 15 mars 2005


Une critique qui n'en est pas une 4 étoiles

Lorsque j'ai enlevé l'imposant "Neropolis" de l'étagère poussiéreuse d'une célèbre bouquinerie de Bruxelles, j'avais avant tout été attiré par le résumé.
Je me suis donc immergé dans cet océan de savoir qu'est ce livre. L'auteur connait son sujet et il tient à le montrer. Les détails pullulent comme les lapins sur un champ d'aviation. Océan de savoir, disais-je, dans lequel je me suis noyé. Le souci du détail a tué l'intrigue et, honteux, j'ai abandonné la lecture. Mais comme le chantait Daniel B. "et puis l'année d'après, je recommencerai". Une nouvelle tentative n'est pas impossible...

DM - - 50 ans - 5 avril 2004


Un excellent livre et une bonne critique 8 étoiles

J'ai aussi adoré ce livre à l'époque où je l'ai lu. Il est en effet bien ficelé et bien écrit.
Je suis tout à fait d'accord sur le fait que plusieurs empereurs romains étaient des mégalomanes, mais la décadence de Rome, qui avait perdu ses valeurs de départ et son énergie, était entamée. Il est vrai que la coutume de donner des terres conquises aux vétérans implantait peut-être la culture latine dans les pays conquis, mais vidait aussi Rome de beaucoup de ses citoyens d'origine. L'Empire était aussi miné par ses conquêtes lointaines menées par César et d'autres.
A ce jour, les historiens ne considèrent plus que Néron aurait fait incendier Rome volontairement. Fou, oui, mais pas à ce point !

Jules - Bruxelles - 79 ans - 9 avril 2001