Ours toujours
de Xavier Hanotte

critiqué par Bluewitch, le 4 mars 2005
(Charleroi - 44 ans)


La note:  étoiles
Une faible? Vous voulez rire?!
Dans le Parc des Grands-Bruns : aucun écervelé !
Poilus sont les romantiques et les philosophes.
Laissez-moi vous conter tout ça en quelques strophes :
L’histoire d’un bon roman, au ton acidulé.

Car oui, sous des abords cocasses et burlesques, « Ours toujours » est une recette d’humour, de fantaisie, de finesse et, malgré son surréalisme, de vérité.
Adalbert et Anatole, notre narrateur, s’ils vivent dans une tanière, n’en portent pas moins chemise et pantalon, fument le cigare et ne crachent pas sur un bon resto (asiatique et tenu par un panda épris de sagesse), accompagnés de leur ami Onésime, le délicat romantique.
Faisant partie d’une espèce cachée d’ursidés pensants, ils observent le monde d’un œil critique et… humain. Hésitant parfois entre leurs origines d’ours sans conscience et celle d’êtres éveillés à l’intelligence, posant un regard dépité ou bienveillant sur notre espèce à deux pattes (notons tout de même que les ours dotés de pensée ont également abandonné la marche quadrupédique).
De leur repaire, ils ne peuvent qu’apprendre, consternés, le projet de construction d’un parc à thème qui ravirait bien du charme à leur havre de paix. A ce souci se mêle celui d’un travail quotidien contraignant (celui du jour consistant à préparer la scène du « Festin miel sauvage » pour les touristes abrutis) et d’un devoir, parfois mis en doute, envers l’ADIEU (l’Association pour la Défense de l’Image des Espèces Ursidées), qui les amène, entre autres, à subtiliser la Fiat du vieux Charles, le gardien complice, afin d’accomplir leurs missions de haut vol.
Là où l’on retrouve paradoxalement bagarres de bar dignes des plus mauvaises séries américaines, poursuites en voitures et discussions philosophiques sur l’intérêt du choix de la conscience, on trouvera aussi des instants de poésie, de douceur, au ton décalé et drôle.
Bref un roman qui a du charme, où malgré le changement d’espèce, il ne sera pas difficile de reconnaître les égarements humanoïdes. Et aussi le besoin, parfois, d’un retour aux sources, à la liberté primitive perdue et difficilement récupérable.
Alors… Ours toujours !
Sans enthousiasme 4 étoiles

J’ai peut-être fait une erreur d’aborder ce livre juste après avoir terminé celui de Foenkinos car après la fin du troisième chapitre (page 68) je l’ai abandonné. D’ordinaire je n’accorde pas plus de trente pages à un livre pour m’accrocher convaincue qu’il y en reste tant à découvrir encore qu’il est inutile de me forcer à poursuivre ceux qui ne me passionnent pas.
J’ai donc persévérer un tout petit peu dans cette lecture reconnaissant volontiers la prouesse de Xavier Hanotte d’écrire toute une histoire en se plaçant dans la peau (le pelage) d’ursidés. Sujet fort original, je l’admets sans conteste.
Il est certain qu’en commençant par La Fontaine, le lecteur se fait à l’idée que l’histoire dans ce livre est une fable. Malheureusement, et là je reprendrais l’expression d’un ami, l’auteur semble “s’écouter écrire” avec un humour singulier, d’accord, mais qui arrive souvent comme un cheveu sur la soupe… Effectivement, il donne la sensation qu'il "s'amuse" à écrire mais j'ai eu du mal à m'amuser avec lui.
Quelques belles trouvailles dans certains clins d’œil au monde des Hommes civilisés mais il y manque ce je ne sais quoi de grâce qui fait que je les savoure et que j’attende les suivants.
Donc, pas d’enthousiasme pour ce livre. Peut-être pas le bon moment non plus…

Voni - Moselle - 64 ans - 1 janvier 2006


Hanotte s'amuse...et nous amuse ! 10 étoiles

Décidément, l'ami Hanotte arrive toujours à dérouter ses fidèles lecteurs... avec lui, chaque nouveau livre est une petite surprise ! Deux premiers romans sous forme d'enquêtes policières à la sauce poético-fantastique, puis, changement radical de cap avec le splendide "Derrière la colline" et son univers 14-18, que l'on retrouve à nouveau dans son 4ème opus...et puis cet "Ours Toujours" où l'on ne parle ni du poète Owen, ni de combats homériques dans les tranchées, ni de complots à déjouer par Barthélémy Dussert... Changement radical de contexte, de style aussi... Mais ça reste du grand Hanotte ! Xavier "Onésime" Hanotte est assurément un tout grand auteur, c'est une évidence. Découvrez vite ce court roman qui se dévore d'une traite avec autant de plaisir qu'une tartine au miel !!!

Patman - Paris - 61 ans - 14 novembre 2005