En vie de Eugène Savitzkaya

En vie de Eugène Savitzkaya

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Sahkti, le 24 février 2005 (Genève, Inscrite le 17 avril 2004, 50 ans)
La note : 6 étoiles
Moyenne des notes : 7 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (41 357ème position).
Visites : 3 874  (depuis Novembre 2007)

La vie d'une maison

"En vie"... La vie d'une maison, vieille demeure délabrée qui tombe de partout, vieillit mal et demande une attention de chaque instant.
C'est ce que l'auteur fait. Lui consacrer son attention. Quotidienne, bienveillante, enthousiaste et épuisante. Une maison qui vit, qui bouge, qui abrite des gens et des histoires. Des histoires, il en est beaucoup question dans ce recueil de Savitzkaya. Des histoires présentées comme dans "Marin mon coeur", fragments de vies, épisodes du quotidien, anecdotes banales qui prennent cependant tout leur sens tant l'auteur attire agréablement notre attention sur ces petits riens qui construisent notre monde.
Cette maison (et ses habitants) nous est racontée avec beaucoup d'humour, une certaine nonchalance, il y a un côté bohème derrière tout cela, qui n'empêche cependant pas les soucis de parfois prendre le dessus. Une maison, c'est une tonne d'ennuis. De plaisirs et d'ennuis.

Une fois de plus, la plume de Savitzkaya virevolte dans tous le sens, nous entraîne dans les recoins de sa maison, son âme faite maison et un peu la nôtre aussi. Cependant, je dois reconnaître avoir ressenti moins de plaisir à cette lecture que face à "Marin mon coeur" qui m'avait véritablement transportée d'émotion. Est-ce parce qu'une maison est moins vivante ou attachante qu'un enfant, le héros du précédent récit? Je l'ai d'abord pensé mais mon rapport avec les habitats, toujours éphémères dans ma vie, m'empêche de considérer qu'un lieu de résidence n'est pas aussi un lieu de vie. C'est sans doute la notion d'évolution qui m'a ici manqué, cet apprentissage conduisant vers quelque chose, que l'on suit avec fébrilité sur les traces du petit Marin, alors qu'ici, on suit une maison et une vie de maison, à savoir un éternel recommencement.
Au bout d'un temps, il y avait comme un essoufflement, léger mais perceptible. Qui n'enlève pourtant rien à la beauté des mots d'Eugène Savitskaya.

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Les gestes du quotidien

8 étoiles

Critique de Nathafi (SAINT-SOUPLET, Inscrite le 20 avril 2011, 57 ans) - 5 juin 2016

La maison et ses extérieurs, que de tracas !
Le quotidien répétitif, quelle angoisse !
Les tâches ménagères, qui aime ça ?

C'est ce dont nous parle Eugène Savitzkaya dans "En vie", un livre sur la maison dans laquelle il vit avec sa famille et tout ce qui concerne les occupations du jour, comme tout un chacun. Mais à la façon du poète, tout prend d'autres proportions.
Il prête vie à sa maison, la détaille infiniment, on en connaît chaque recoin, chaque blessure, chaque secret. Artisan de son entretien, l'auteur se prête volontiers aux tâches ménagère, avec de menus détails, une vraie leçon sur les gestes à faire, comment nettoyer les sols, maintenir le feu, comment repasser... Et tout le monde vit, autour de lui, Carine, sa fiancée, Marin et Louise, ses enfants, tout le monde est là, réuni, protégé par cette bâtisse, profitant des bienfaits du jardin et de ce qu'il peut leur offrir.

Alors, on peut hésiter quant à l'intérêt de cet ouvrage. Sauf qu'à l'aide de sa plume magique, M. Savitzkaya embellit les choses, enrobe le plus laid, désodorise le moins agréable, s'amuse des besoins pressants, rend la routine plus attrayante.

Au final ? Un regard à la loupe de ce qui nous entoure et pourrait rapidement affecter notre sérénité, mais aussi une sensation de bien-être, et presque une envie de prendre le balai, de dégager la poussière et de défroisser les vêtements.

Je fais disparaître les plis des vêtements comme je polirais une feuille d'or. J'étale la mer et la surface d'un lac froncée par le vent. Je ne peux progresser qu'avec une extrême lenteur car, à chaque instant, je cours le risque d'imprimer en filigrane de funestes images sur nos plus beaux drapeaux, images telles qu'il faudra une nouvelle lessive pour les dissiper.

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