Baudelaire : Clandestin de lui-même
de Isabelle Viéville-Degeorges

critiqué par Gabrielle.A, le 23 février 2005
(Paris - 69 ans)


La note:  étoiles
Au-delà des apparences
Nous entraînant bien loin de la sphère sulfureuse où l’on avait coutume de le situer, voire de l’enfermer, c’est un Baudelaire « clandestin de lui-même » qu’Isabelle Viéville Degeorges nous invite à découvrir aujourd’hui. Piétinant les sentiers mille fois parcourus et les thèses dictées par une certaine facilité où l’on nous décrit un Baudelaire continûment ivre de femmes et de vin, opiomane et tenté par toutes les débauches, Isabelle Viéville Degeorges recherche plus avant dans la vie du poète et nous dévoile, en même temps que son enfance méconnue, un enfant incompris et mal aimé.

Dicté par la voix du cœur, cet ouvrage retrace le chemin parcouru par une femme pour comprendre qui fut réellement le poète, en mettant ses pas dans les siens, à plus de cent cinquante ans de distance. L’interrogation, permanente, est empreinte de tendresse, de colère surtout en découvrant les ravages provoqués chez cette âme sensible et fragile par des êtres inconscients et imbus d’eux-mêmes. De l’enfant au père trop tôt disparu, de l’adolescent continûment blessé, à l’adulte sous tutelle, bataillant sans relâche pour tenter de recouvrer une liberté contestée, bafouée, niée... Isabelle Viéville Degeorges esquisse un nouveau portrait du poète « maudit » par ses contemporains et bien d’autres de leurs successeurs. Ce faisant, elle nous donne aussi à réfléchir sur nous-mêmes et nos jugements trop souvent signifiés à l’aune des apparences premières.

Rien sans doute n’aurait pu empêcher Baudelaire de faire jaillir de sa plume les pages éblouissantes qu’il nous a léguées. Mais Isabelle Viéville-Degeorges nous rend Baudelaire plus proche, plus familier et en même temps d’une extrême modernité.