Les sentiers délicats
de Éric Holder

critiqué par Sahkti, le 12 février 2005
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
Nouvelles inégales
L'écriture de Eric Holder est belle, son style est propret et bien travaillé, c'est soigné, il n'y a pas à dire. Pour cela, aucune remarque, on se retrouve sur un sentier non pas délicat mais particulièrement bien balisé.
Ensuite, quand on s'intéresse de plus près au fond du propos de ces "Sentiers délicats", les choses me paraissent moins évidentes. Non pas que les sujets d'Eric Holder dans ce recueil soient inintéressants mais je dirais plutôt assez inégaux, parfois teintés d'une banalité ennuyeuse ou alors ils sonnent creux, comme si l'auteur avait eu peur de sauter dans la flaque à pieds joints. Dommage!

Il y a un petit côté Delerm dans ce recueil, la narration d'épisodes simples de la vie, des souvenirs de jeunesse, des anecdotes, de nombreux voyages, des tranches de vie plaisantes... Holder nous raconte ses souvenirs et ses errances, c'est sympathique, touchant, tout ce qu'on veut mais voilà, ça me laisse sur ma faim.
L'écriture est douce mais creuse, comme la barbe à papa qui laisse un goût sucré savoureux sur la langue mais ne remplit pas l'estomac. Oui, ça semble un peu déplacé de comparer les mots à de la nourriture, certes, mais c'est ce que ça m'inspire, sans doute encore sous le coup de la déception.
Les voyages d'Holder sont beaux et poétiques, sa langue est toujours aussi douce et sensuelle, je ne discute pas cela; mais c'est la sensation de vide que tout cela me laisse en fin de compte, cette impression de ne pas avoir été au bout des choses, de ne pas avoir gratté avec les ongles le vernis des souvenirs de peur de l'écailler.
C'est beau mais c'est trop doux, trop lisse, trop tendre, trop gentil.
La lecture comme un alcool fort ! 6 étoiles

Romancier français né en 1960 à Lille, Eric Holder a passé son enfance en Provence et exercé divers petits métiers.
Il publie son premier recueil de nouvelles à 24 ans.
Ses romans, "Mademoiselle Chambon" et "L'Homme de chevet" ont été adaptés au cinéma en 2009.

Recueil de 8 nouvelles de longueur et qualité inégales.
Un thème récurrent, l'enfance et la soif de voyager, de croquer la vie.
La première et -à mon avis- de très loin la plus plaisante; "l'Echappée belle ", met en perspective découverte de la littérature et de la vie.
Son mentor, l'Oncle André; un marin céleste qui "avait tout lu, sauf le reste, qui est littérature" ...
André qui lui fera découvrir Cendrars, H.Miller, Kérouac et les autres.
André pour qui la littérature était comme un alcool fort.
Le jeune narrateur va vivre sur les pas de Baudelaire, en découvrant André Dhôtel et en rêvant d'Afghanistan (nous sommes en 1975).
Il y a du Pagnol (La Gloire de mon père, ...) dans cette nouvelle.
L'éducation d'un jeune écrivain en herbe.

Pour le reste, je rejoins les avis de Sahkti et Tistou... un peu "léger " même si le style est plaisant.
Je ne connaissais cet auteur que de nom et ne m'étais jamais frotté à l'animal.
Une courte entrée en matière qui me donne envie d'aller plus loin dans l'oeuvre.
Un bon moment de lecture néanmoins .

Frunny - PARIS - 58 ans - 22 janvier 2013


Manquent de corps, les sentiers. 4 étoiles

Trop délicats ces sentiers. Un E. HOLDER moins convaincant que nombre de romans de sa production.
Pas de roman ici, de petites touches comme des petites nouvelles, en rapport probablement avec la jeunesse de l'auteur. On ne peut s'empêcher en effet de penser à P. DELERM, mais là où l'art du cisèlement d'orfèvre de celui-ci fait passer la mièvrerie des propos, l'art de HOLDER, d'ordinaire plus roboratif, reste un peu en panne. On reste du coup entre 2 chaises, plutôt déçu.
HOLDER, c'est pourtant un sacré style !

Tistou - - 67 ans - 25 juin 2005