Contes de Galicie de Andrzej Stasiuk

Contes de Galicie de Andrzej Stasiuk
( Opowieści galicyjskie)

Catégorie(s) : Littérature => Européenne non-francophone

Critiqué par Léonce_laplanche, le 7 février 2005 (Périgueux, Inscrit le 22 octobre 2004, 87 ans)
La note : 9 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (22 864ème position).
Visites : 4 700  (depuis Novembre 2007)

C'est gris la Galicie !

La Galicie est une région d'Europe centrale, au nord des Carpates, elle est partagée depuis 1945 entre l'Ukraine et la Pologne. Elle fut le théâtre de nombreux combats au cours des deux guerres mondiales.
Une dizaine de nouvelles, en réalité des portraits, compose cet ouvrage. Ce sont les portraits de laissés pour compte, des petites gens qui sont l'esprit et la mémoire de leur village. Petit à petit on comprend comment chaque destin est lié à celui des autres dans un contexte de pauvreté morale, intellectuelle et matérielle.
On fait connaissance avec Janek, Kruk le forgeron, et puis Wladek dont la vie s'améliore après quarante ans d'attente et d'hibernation ; Il y a aussi Josek l'ivrogne invétéré qui mourut le jour où il but de l'eau !
Bref, un très bon livre, parfaitement écrit, qui mêle réalisme, ironie, et réflexions pertinentes. Contrairement à ce qu'annonce la 4° de couverture je n'y ai pas trouvé d'humour et de fantaisie ! Par contre l'auteur conserve un ton désabusé et une ironie bienveillante.
Un excellent moyen d'apprendre sur la Pologne.

Il serait dommage de négliger les auteurs de l’Est, sous prétexte qu’ils sont peu médiatisés !

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15 nouvelles

8 étoiles

Critique de Tistou (, Inscrit le 10 mai 2004, 67 ans) - 6 avril 2018

« Andrzej Stasiuk est né à Varsovie en 1960. Militant pacifiste dans sa jeunesse, il passe deux ans en prison pour avoir refusé de faire son service militaire, expérience qu’il racontera plus tard dans Mury Hebronu (Les Murs d’Hébron). Après avoir travaillé pour des journaux clandestins au temps de Solidarité, il quitte Varsovie en 1986 et s’établit dans un petit village à l’extrême sud de la Pologne. En 1996, il y fonde avec Monika Sznajderman, sa femme, la maison d’édition Czarne. En 2005, il reçoit le prix Adalbert Stifter ainsi que le prix Nike, équivalent polonais du prix Goncourt. »
Polonais donc, on pourrait qualifier Andrzej Stasiuk de « Nicolas Bouvier de l’Europe de l’Est » ! Comme Nicolas Bouvier il a cette capacité à saisir des détails insignifiants d’un lieu, de personnages, de moments d’un voyage, à les saisir et à nous les donner comme preuves intangibles d’une réalité proprement indescriptible. Comme l’art d’une description en creux ; définir les « autour », les à – côté, pour mieux faire sentir l’insaisissable. Mais de l’Europe de l’Est (ou celle qu’on appelait ainsi avant la chute de Mur – vous savez ce fameux mur en ex-RDA), exclusivement de cette Europe là qui semble obnubiler notre Andrzej Stasiuk.
Romancier il n’est point. Sur les quatre ouvrages lus à la file aucun ne raconte une histoire complète, continue. Ce sont toujours des fulgurances. De lieux, de pays ou de personnages. De courts chapitres qui souvent constituent un tout, à relier, ou pas, au reste. Quant au style, il est remarquable. Peut-être aussi est-il remarquablement traduit ? En tout cas la lecture d’Andrzej Stasiuk est une lecture exigeante. De par les sujets, les thèmes abordés et par la sophistication de son écriture. A contrario on dira que ses ouvrages ne sont pas des « page – turners » !

« Contes de Galicie » au contraire d’autres ouvrages présente une unité de lieu. C’est dans le titre : la Galicie. A ne pas confondre avec la Galice au Nord-Ouest de l’Espagne. La Galicie est cette région qui s’étend tout au Sud de la Pologne, aux confins nord de la Slovaquie et qui se prolonge en Ukraine. C’est par ailleurs la région où vit Andrzej Stasiuk et qui lui est chère, manifestement.
Des nouvelles ? En fait pas vraiment puisqu’il s’agit de très courts chapitres concernant plusieurs personnages du même village, qui donnent une impression de décousu de prime abord mais qui se révèlent au bilan formant une « histoire » de ce village, à une époque post-communisme, un moment où la société ne sait pas trop où elle en est : plus de collectivisme mais pas encore de compréhension d’un fonctionnement plus individuel. Et la pauvreté bien sûr, la misère culturelle, des conditions sans aucun doute difficiles qui doivent perdurer encore dans ces « trous du c… du monde ».

« Un village comme un autre. Un fil de trois kilomètres de maisons s’éparpille, casse puis se ressoude en suite compacte. Le béton, le bois, les toitures défoncées, les débris de clôtures, les rampes en fer des balcons composent ce gâteau pourri : misère et phantasmes sur un monde vu à la télévision. Une voie asphaltée touche le bord des habitations, les effleure à peine. C’est mieux comme ça d’ailleurs car le chemin de gravier défoncé, artère principale du village, est occupé dans sa totalité par les enfants et les chiens. »
Nous sommes dans le frustre, le sordide. Travail, dur le travail. Boissons, alcoolisées les boissons. Désespérance, notamment des femmes qui en dehors de mettre des enfants au monde ne peuvent guère distinguer d’avenir.
Jozek, Wladek, Kruk, Janek, … Ils défilent au fil des chapitres, finissent par se recouper, se rencontrer pour former une trame multicolore ; paradoxe dans ce monde d’une grisaille sans pareille !

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