Le festin chez la comtesse Fritouille et autres nouvelles
de Witold Gombrowicz

critiqué par Sahkti, le 24 janvier 2005
(Genève - 49 ans)


La note:  étoiles
Absurde cruauté
Trois nouvelles, la plume de Gombrowicz, trois récits très différents, un sentiment de malaise allant crescendo.

Le premier récit "Meurtre avec préméditation" raconte avec beaucoup d'humour et de loufoquerie l'enquête menée par un juge d'instruction qui fait irruption dans la famille d'un mort. Ses pensées ainsi que celles des membres de la famille sont décortiquées et à plus d'une reprise, le lecteur frôle l'absurde le plus complet tant le juge d'instruction H. est un homme bête et vaniteux qui pense cependant disposer de la science infuse (mais les deux comportements vont si souvent de pair!). L'histoire se termine avec ce qui pourrait être une méprise mais en est-ce une? Le lecteur devra tirer son plan et savourer ou râler en même temps. Gombrowicz a appâté sa proie.

Suit "Le festin chez la comtesse Fritouille", texte monstrueux dénonçant les moeurs dissolues de la riche société, en passant par le cannibalisme, les mondanités et la supercherie. C'est un texte affreux et cruel, Gombrowicz a placé beaucoup d'émotion et de réalisme dans la bouche de son narrateur, on en aurait presque pitié si le sentiment de dégoût qui naît progressivement au fil des pages n'était le plus fort.

Enfin "Virginité", petit récit surréaliste et un peu dingue, sur le changement profond d'une jeune fille de bonne fille, après avoir été frappée par des briques. Un texte drôle et dramatique à la fois, encore plus absurde que les deux premiers.

Absurde, c'est sans doute le mot terme qui convient le mieux aux situations décrites par Gombrowicz, des situations qui caricaturent à grands traits les défauts et les errances d'une certaine société, la haute bourgoisie, que l'auteur croque avec acidité.
A mes yeux, pas le meilleur Gombrowicz, c'est par moments simpliste. Des textes de jeunesse qui laissent cependant la porte ouverte vers la plume plus caustique de l'auteur dans les années qui suivront.
contes cruels 5 étoiles

Elles sont en effet bien cruelles ces trois histoires de Witold Gombrowicz ! L'auteur a l'art d'immerger le lecteur dans un environnement qui met mal à l'aise. Cela m'a rappelé un peu les nouvelles des écrivains du XIXème, comme Maupassant, ou Barbey d'Aurevilly, ou bien l'univers absurde de Kafka (en particulier dans la première nouvelle). Le recueil est court mais les textes sont suffisamment saisissants et dérangeants pour laisser une forte impression de malaise. J'avoue que j'ai trouvé cela assez réussi, mais c’est un peu morbide et cela ne m'a pas forcément donné envie de découvrir le reste de l’œuvre de Gombrowicz.

Fanou03 - * - 48 ans - 3 mai 2013