L'histoire du corbac aux baskets
de Fred

critiqué par Sibylline, le 23 janvier 2005
(Normandie - 73 ans)


La note:  étoiles
Surtout les baskets.
Le passage d’un reportage sur le dessinateur et scénariste Fred sur Arte m’a donné envie de le relire, puis de le chercher ici… pour ne trouver qu’un album! Je m’empresse de réparer cette injustice.

Il s’appelle Armand Corbackobasket «pas un nom de chez nous, ça.» lui répond-on systématiquement. Peut-être, mais c’est surtout un nom prédestiné puisqu’un beau matin, notre Armand se réveille transformé en corbeau. Mais le tout beau corbeau. Le corbeau d’ 1m80 environ, la taille du Armand humain qu’il était. Pour ne pas perdre tout contact avec la nature humaine qui est fondamentalement la sienne, il conserve ses baskets et tente de se rendre au travail. Là, comme on s’en doute, tout ne se passera pas trop bien et ne rencontrant partout que rejet (surtout pour ses baskets, d’ailleurs), notre pauvre Armand devra confier son sort à l’ANPE et au Dr Verle Corbo, psychiatre. Autant dire qu’il est mal parti.
Si vous ne l’aviez pas deviné (et on vous en excuse), cette bande dessinée est une grande métaphore sur la xénophobie et le refus de la différence, menée sur le mode absurde et poétique cher à Fred. On y retrouve le trait de plume reconnaissable entre mille, les découpages libres entre images, le vocabulaire et l’imaginaire de Fred brillamment mis au service de cette noble cause.
Le dessin est superbe. Les vues du cabinet du psy s’admirent un long moment, pour ne rien dire de la modeste demeure de Madame la Baronne. Ajoutez à cela qu’un corbeau géant… on a beau dire, ça a de l’allure