Le peintre au couteau
de Ollivier Pourriol

critiqué par Clarabel, le 19 janvier 2005
( - 48 ans)


La note:  étoiles
La peinture et la chirurgie
Quatre ans après son très estimable "Mephisto valse", Ollivier Pourriol revient avec un roman plutôt philosophique intitulé "Le peintre au couteau". Plusieurs sens peuvent se cacher derrière cette appelation, car le roman est d'abord une rencontre entre un chirurgien philosophe et un peintre de 85 ans, atteint d'une appendicite aigüe. Les deux hommes vont se parler, s'échanger des points de vue, se raconter, s'écouter. Le peintre vit ses derniers jours, on le sait par ce qu'en rapporte son médecin aujourd'hui. L'analyse d'un peintre contemporain, en somme. Car durant son hospitalisation, ce peintre, cloué au lit, va tout dévoiler de sa vision du monde, de son regard sur la peinture, son travail et sur l'action de peindre en général. Il se souviendra des femmes qu'il a croisées, surtout celle qu'il a perdue et qui n'est plus. Il tentera vainement de retrouver le bleu des yeux de cette femme qui l'a trahi. Il essaiera de définir la peinture figurative à laquelle il s'adonne depuis toujours, d'un traumatisme lié à l'enfance, de son père, etc. Pourquoi semble-t-il avoir trouvé en son médecin un parfait interlocuteur ?.. Parce qu'insidieusement il avait compris le rapport analogique entre la peinture et la chirurgie, le couteau pour l'un, le scalpel pour l'autre. Quelle différence ?.. Et puis, il y a la blouse, les couleurs - le rouge, notamment. Et l'importance de l'oeil - clinique ou artistique. La vieillesse, la beauté, etc.
"Le peintre au couteau" est une analyse fine (ou du moins une tentative) de la sphère dans laquelle s'enferment ces hommes de pouvoir, selon leur façon de faire tourner le monde, d'en faire apprécier le figuratif ou le concret. C'est un roman qui s'apprécie à sa plus juste valeur, où l'on y croise René Char, Nicolas de Staël, Zoran Music ou Jean Lescure. Un univers à part, pensez-vous ?... pas tant que ça. L'histoire est très touchante, le dialogue des deux hommes devient très instructif et enrichissant. Un bon petit roman, à apprécier.