Dictionnaire amoureux de la justice
de Jacques Vergès

critiqué par Jules, le 12 janvier 2005
(Bruxelles - 79 ans)


La note:  étoiles
Pour le moins peu objectif
Un personnage assez hors du commun que Jacques Vergès ! Le fait de l’avoir choisi pour écrire ce « Dictionnaire amoureux de la justice » ne pouvait qu’aider à sa vente…

D’emblée il nous dit qu’il dédie ce livre aux mots « erreur », « vérité », « ordre public », « nécessité » et « amour » Ceux-ci ne seraient pas repris dans le « Petit guide de la Justice » distribués par la Chancellerie aux Français pour mieux les informer.

A ses yeux, les juges sont des gens qui ne comprennent plus la société d’aujourd’hui ni les gens qui la composent. Il me semble cependant que, si un juge est aussi là pour tenter de comprendre, il est également là pour appliquer des lois qu’il ne fait pas. En outre, la jurisprudence me paraît un élément qui peut exercer un rôle temporisateur.

Il nous cite des noms de criminels de la littérature, comme Raskolnikov ou Dimitri Karamazov en faisant remarquer que si les juges relisaient ces livres, ils comprendraient mieux les criminels. C’est possible, mais ils sortent de la tête d’un auteur qui leur a fabriqué des circonstances. En outre, Maître Vergès est un avocat et, de par sa profession, il lui est peu évident de penser autrement. Il nous dit que « la vie c’est le mariage du ciel et de l’enfer. »
Cela me paraît assez juste, mais serait-ce une raison suffisante que pour accorder plus de clémence à des Dutroux ou des Fourniret ?…

Il a également raison de dire qu’Antigone et Jésus sont devenus de très grands personnages en violant les lois de la cité mais ces exemples me semblent un rien tronqués… Antigone l’a fait en estimant qu’un des droits fondamentaux de l’être humain n’était pas respecté et que ces droits l’emportaient sur des lois prises pour la circonstance par le pouvoir politique de la cité. Ce qui me semble juste. Quant à Jésus il me semble qu’il dérangeait davantage un ordre établis, ainsi qu’un ordre politique et religieux, qu’il ne violait des lois naturelles propres à chaque être humain.

Il y a bien moins d’Antigone et de Jésus que de criminels pour bien d’autres raisons moins valables ! Si je suis totalement contre la peine de mort, je ne suis pourtant pas pour la clémence à tout prix !

Et maître Vergès de poursuivre sa démonstration des défauts de la justice en nous parlant des faux témoins, des témoins de bonne foi qui se trompent et tronquent la justice, ainsi que les aveux obtenus Dieu sait comment. Loin de moi l’idée que la Justice puisse être parfaite ! Ce serait notre vœux à tous, mais elle n’est rendue que par des hommes et, de ce fait, elle ne peut qu’être faillible… Une fois de plus je reviens à mes chers Grecs anciens qui rappellent que la perfection serait divine et non humaine.

Je n’ai pu m’empêcher de sourire quand il insiste sur le rôle du procureur, comme si celui de l’avocat était plus objectif…

Ma conclusion ? Un livre intéressant mais qui n’est que l’avis d’un homme qui occupe un rôle bien défini. Quand le procureur gagne à tort, je suis catastrophé. Quand l’avocat l’emporte alors que son client est bien un assassin, je le suis tout autant ! Surtout s’il est remis en liberté !…