Voyages
de Herbjørg Wassmo

critiqué par Fee carabine, le 1 janvier 2005
( - 50 ans)


La note:  étoiles
Quatre visages de la solitude
J'aime beaucoup les livres de la romancière norvégienne Herbjørg Wassmo, le souffle qui anime le cycle de Dina, l'écriture sensible, poétique et sensuelle qui s'affronte à l'insoutenable dans la trilogie de Tora et qui se met au service du récit d'une lente quête intérieure dans "La septième rencontre", peut-être son plus beau roman à ce jour.

Je viens de retrouver Herbjørg Wassmo avec toujours autant de bonheur, mais dans un exercice très différent, celui de la concision et de la brièveté qu'impose la nouvelle. "Voyages" regroupe en effet quatre nouvelles, quatre portraits de femmes qui nous offrent autant de visages de la solitude. La solitude qui fait suite à un divorce ou à un deuil dans les trois premières de ces nouvelles, où Herbjørg Wassmo décortique avec beaucoup de finesse et de sensibilité les parades que ses trois héroïnes tentent d'opposer à leur solitude: une observation attentive des gens qu'elles cotoyent dans une indifférence polie, un dialogue intérieur qui se poursuit obstinément avec le mari volage ou avec les êtres chers à présent disparus... Et après s'être penchée sur le sort des survivants abandonnés, Herbjørg Wassmo s'attache dans la dernière nouvelle "Le pont" à la solitude d'une femme qui se meurt d'un cancer et qui se détache lentement, inexorablement, des lieux où elle a vécu et des êtres qui partageaient sa vie, malgré les efforts de ses proches qui font tout ce qu'ils peuvent pour être présents à ses côtés jusqu'à la fin.

Quatre nouvelles qui explorent tout en délicatesse ce thème de la solitude. Quatre nouvelles douloureuses et pudiques qui nous renvoient à notre propre incapacité à communiquer. Quatre nouvelles à lire!