Le jeudi de Monsieur Alexandre de Alexandre Millon

Le jeudi de Monsieur Alexandre de Alexandre Millon

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Kinbote, le 23 mars 2001 (Jumet, Inscrit le 18 mars 2001, 65 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 4 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (15 063ème position).
Visites : 3 987  (depuis Novembre 2007)

La Li d'Alexandre

Le premier roman d'Alexandre Millon, qui a reçu le prix " La Plume et la Souris ", est plus subtil que son amorce ne pourrait laisser croire.
Un homme de quarante ans décide de faire chaque samedi appel aux services " saunas/massages " d'un grand quotidien.
D'abord Alexandre n'est pas le prénom du narrateur mais son nom. Il a pour prénom Aurélio. Volonté de l'auteur de brouiller les pistes, de marquer sa différence d'avec son narrateur au cas où on chercherait à le confondre avec son personnage ? Ne peut-on pas lire le titre comme suit : le " je dis " de Monsieur Alexandre ?
" Cela me paraît essentiel de dire les choses " confie le narrateur. Mais assurément pas n'importe quoi, lui souffle l'auteur.
La jeune femme que rencontre Alexandre s'appelle Li et est d'origine chinoise. Le narrateur qui est un " sentimental très très inflammable " a un faible pour la silhouette menue, presqu'enfantine des Asiatiques. Li, c'est sans doute (li)t, son (li)eu de travail, mais c'est plus sûrement le (li)en qu'elle va restaurer entre l'existence plutôt désoeuvrée d'Aurélio et son enfance, une enfance vécue au soleil de Sicile sous le signe du vin et de l'éveil à la sensualité. Li et Aurélio sont à cheval sur deux pays, ni tout à fait d'ici ni tout à fait d'ailleurs, et ils vont comme naturellement se retrouver dans la famille d'Aurélio à retaper une ancienne chapelle. Li, c'est aussi un corps à (li)re, à décrypter, un corps-palimpseste effaçant à mesure les traces qu'on y laisse. Li n'est qu'une syllabe, un élément volatil qui embaume le récit que le narrateur se mettra à écrire pour la retrouver sans qu'il sache que Li faisait partie de lui dès le commencement. Dans Aurélio, n'y a-t-il pas Li?
Mais un roman aussi bien ficelé soit-il ne serait rien sans la chair du style, tout à la fois soucieux de surprendre sans cesse son lecteur et de témoigner de la diversité du monde. Millon a une plume qui caresse et qui égratigne, qui lisse les formes et marque les arêtes.

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Ah, la Li !

8 étoiles

Critique de Persée (La Louvière, Inscrit le 29 juin 2001, 73 ans) - 21 novembre 2003

J'aurais bien regretté de n'avoir jamais lu ce qu'il dit de Li. Ce qu'il dit de Li... ça fait un peu turlute canadienne, non ? Ce roman foisonne de petites trouvailles. On joue au Petit Poucet, à ramasser ces pierres blanches et lisses comme des galets. C'est un blues qui s'écoute sans qu'on sache trop bien où ses variations vous mènent. Un fado de Madredeus (c'est-à-dire une mélodie où la mièvrerie habituelle du fado traditionnel cède la place à du concentré de poésie, un fado au 2d degré, quoi). Un "road movie" sans "road" car le héros reste souvent en "stand by", à observer comme guettent les fauves. Il y a toujours chez Millon de quoi faire bonne chair : "...la vie sautille et laisse entrebâiller du possible tout en rondeurs". Et cette connaissance subtile de la gent féminine : "Devenue adulte, il y aura cette petite échoppe tout au fond d'elle où rien ne sera à vendre, à cerner, à analyser, à prendre, à posséder." Un homme qui parle ainsi des femmes ne peut que les séduire, non ? Quant aux hommes, ils apprécient que l'un d'eux ait exprimé ce qu'ils pensaient confusément. N'est-ce pas ce qui caractérise l'écrivain ?

Touchant et rafraichissant

8 étoiles

Critique de Tophiv (Reignier (Fr), Inscrit le 13 juillet 2001, 48 ans) - 4 juin 2003

On retrouve dans « mer calme à peu agitée » des éléments de ce roman. Tout d’abord Bruxelles et à nouveau l'hiver. En plus, ici, Millon nous emmène également en Toscane et aussi dans la belle île de Sicile qui, je crois, lui est chère. Il m’en a délicieusement rappelé le parfum et la lumière.
A. Millon nous embarque aussi quelquefois sur des fausses pistes qui restent assez brèves, moins dévelloppées que dans « mer calme .. ».
On retrouve le même humour, la même dérision, la même légèreté sensible, le même langage imagé et rafraichissant. Mais ici, le récit semble en permanence un peu « dispersé », on passe très vite d’une idée à une autre, parfois dans la même phrase. On sent que le style a évolué dans son 3ème roman ou il m'a semblé moins rapide, moins insouciant, plus abouti, plus cohérent tout en gardant son charme original.
Bref, un 1er roman enthousiasmant qui s'il semble logiquement un peu moins maitrisé que « mer calme … » n'en reste pas moins touchant et rafraichissant.

La passion des femmes...

8 étoiles

Critique de Lucien (, Inscrit le 13 mars 2001, 68 ans) - 11 décembre 2001

Je viens de terminer Le jeudi de Monsieur Alexandre, premier roman d’Alex Millon, l'auteur de La ligne blanche.
Je le trouve, ici, beaucoup plus pudique et impressionniste, avec ellipses aux moments où ça pourrait déraper (si j'ose dire), à part cette Carla qui se "flatte la croupe" mais qui provoque le dégoût du narrateur. Repoussoir de Li, le seul véritable personnage féminin, c'est évident. Ensuite, j'aurais tendance à préférer ce livre à "La ligne blanche". Il correspond plus à ma conception d'une certaine "unité d'action". L'omniprésence de Li contribue sans doute beaucoup à ce « classicisme ». Millon tient bien son fil, il tricote serré. C'est moins rigolo mais ça va très loin. Le personnage de Li : évident. Bravo pour les jeux de mots du chapitre 26. Une bonne idée aussi, l'ambiance Remise des Césars du 27. Réticences : la couverture papier buvard, la ponctuation surprenante et un certain nombre de fautes d'orthographe (exemples page 124
"les murs blanc", "discrète l'une et l'autre"). Détails? Peut-être, mais ça agace. Millon méritait mieux que cette édition plutôt torchonnée.
On attend le troisième avec impatience…

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