L'hibiscus pourpre
de Chimamanda Ngozi Adichie

critiqué par Laure256, le 31 décembre 2004
( - 51 ans)


La note:  étoiles
un beau premier roman
Je connais assez peu les littératures africaines (je dis « les » ne serait-ce que pour la diversité des langues !), aussi j’ai profité des critiques positives de la presse sur ce premier roman d’une nigériane de 25 ans pour m’y intéresser.
Kambili a 15 ans et vit dans une famille aisée avec son frère Jaja. Son père est directeur du seul journal indépendant du pays, mais c’est aussi un catholique rigide et dur qui fait passer sur la religion sa violence envers sa femme et ses enfants. Un coup d’Etat vient secouer la sérénité paternelle, et Kambili va passer quelques jours avec son frère chez sa tante Ifeoma, une « païenne ». Elle découvre la joie de vivre avec ses cousins, la tolérance, l’amour (familial, mais aussi un premier amour impossible avec un prêtre qui semble avoir un faible pour elle). Bref, un roman d’apprentissage où elle va s’ouvrir à la vie, à la liberté et l’autonomie de pensée et d’action. La fin s’intensifie, cruelle, juste ( ?), dure mais bouleversante. L’hibiscus pourpre est un beau premier roman qui mérite le détour. Si l’on a un aperçu de la vie (matérielle et politique) au Nigéria , on peut toutefois regretter que cet aspect ne soit pas davantage creusé, mais le roman est davantage centré sur le personnage de Kambili.
L’auteur s’était déjà essayée auparavant à l’écriture de nouvelles, qui pour le moment ne semblent ni traduites ni publiées en France, à suivre…
Un beau moment de lecture, une belle découverte. 10 étoiles

J’ai pris beaucoup de plaisir à lire cet auteur et depuis, je me suis lancé dans la lecture de ses autres œuvres.
J’aime beaucoup son style. Avec elle les émotions sont palpables, vivantes.
Elle nous fait vivre et découvrir son pays et l'on plonge dans l'histoire, on s'en accapare comme par magie.
Sa langue est riche.
Je l'ai découvert lors d'une ITW sur CNN. Je ne regrette pas de l'avoir lue.

Imani - Toulouse - 43 ans - 9 décembre 2011


Grosse envie soudaine de foufou, chin-chin ou de moi-moi... 8 étoiles

Voici un roman qui s'y entend pour établir une progression dramatique !

Kambili a quinze ans, mais ses raisonnements sont totalement soumis aux sentiments que lui inspire son père. Et ceux-ci sont très compliqués à démêler, car en dépit de tout, bien évidemment elle l'aime, très sincèrement, tout autant qu'elle admire nombre de ses qualités ou est terrorisée. C'est un long cheminement qui l'amènera à s'autoriser à exister vraiment, et c'est véritablement poignant. Les personnages sont superbes, la narration tend au plus simple et leur permet de s'incarner presque dans leur chair. C'est une rencontre avec le Nigeria, aussi, dans nombre de ses aspects (y compris politiques ou religieux), ça vous prend par la main et vous surprend à sourire ou essuyer une larme furtive : un très bon premier roman.


"Ses lettres parlent surtout de moi. je les emporte avec moi parce qu'elles sont longues et détaillées, parce qu'elles me rappellent ma valeur, parce qu'elles me touchent dans mes sentiments. Il y a quelques mois, il a écrit qu'il ne voulait pas que je cherche les pourquoi, parce que certaines choses se produisent pour lesquelles nous ne pouvons pas formuler de pourquoi, pour lesquelles les pourquoi n'existent tout simplement pas et, peut-être, ne sont pas nécessaires."

Cuné - - 56 ans - 6 février 2008


Vivre dans le fanatisme 7 étoiles

Nous sommes au sud-est du Nigeria, chez les Ibos. Eugène, chef d'entreprise qui a plutôt bien réussi, est un tyran familial qui vit dans le fanatisme religieux et l'intégrisme. La violence domestique fait partie du quotidien et dès qu'un des deux enfants émet ne serait-ce que l'ombre d'une pensée dite païenne (païenne aux yeux du père, inutile de préciser...), le châtiment s'abat sur lui, inexorablement. Un jour les enfants sont envoyés chez leur tante, une personne douce et aimante. S'ouvre à eux le début de la liberté...

Un roman violent, dur, qui pousse à l'indignation et à la révolte. L'auteur dénonce l'intolérance religieuse, le poids de la parole toute-puissante de Dieu. C'est aussi un bel hommage rendu à la famille, aux liens d'une communauté, à la solidarité et à l'Afrique. Adichie n'épargne rien à ses deux jeunes héros, ils connaîtront la pire des violences au nom de la religion. Un témoignage bouleversant en forme de roman pour prendre conscience, si besoin en était, des drames provoqués par l'intégrisme religieux. Ici nous sommes en Afrique, mais cela se produit dans de nombreux pays du monde, au nom de Dieu.
A côté de cette violence, Adichie évoque la force de la famille, généreusement mise en valeur ici à travers le personnage de la tante Ifeoma. Une manière de montrer indirectement que la famille a son rôle à jouer pour contrer l'intolérance et la violence et que si, un jour peut-être, certains membres de la tribu se groupaient et tentaient une levée de boucliers, les choses évolueraient peut-être dans un sens meilleur.
Un message par moments un peu dilué au milieu des détails et des quelques longueurs que renferme le livre mais au final, le résultat est là: la rage au ventre.

Sahkti - Genève - 50 ans - 19 mars 2006


Le lourd bagage du colonialisme 7 étoiles

L’Hibiscus pourpre est le premier roman de cette jeune nigériane surdouée de vingt-cinq ans. C’est grâce au magasine Muze (mensuel) que j’ai pu découvrir Chimamanda Ngozi Adichie, écrivain prometteur. Le titre m’a tout de suite séduit, l’« hibiscus pourpre » évoque immédiatement exotisme, senteurs africaines, ambiance pittoresque. Puissance et fraîcheur s’entremêlent dans ce roman qui illustre parfaitement le fait que tous les extrémismes religieux sont dangereux. Le père incarne le fanatisme dans ce qu’il a de plus cruel. La jeune héroïne faible et candide est, parfois assez horripilante toutefois on s’attache à elle au fur et à mesure qu’elle se révolte. Le personnage de la tante est une réussite, c’est une femme africaine attachée à ses traditions, fière de ses origines mais indépendante et libre d’esprit. Bref un bon roman qui nous offre en prime une réflexion sur l’Afrique et les religions.

Manon - Paris - 35 ans - 12 août 2005