Le théâtre des perceptions
de Angela Carter

critiqué par Sahkti, le 28 décembre 2004
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
La vie n'est pas belle
"A l'époque, Joseph était très pauvre car il donnait tout son argent aux mendiants."

Joseph Harker est un jeune assistant-soignant qui passe son temps à faire la charité autour de lui, quand il ne s'occupe pas de préparer les cadavres dont il a la charge dans son boulot. Joseph vivote depuis le départ de sa compagne Charlotte. Il y a bien ses parents mais ça ne suffit pas à remplir une vie.
Joseph est pourtant un brave type, débordant d'amour et de compréhension, mais la vie semble l'écraser, il ne fait pas le poids face à son existence et nous assistons à son écrasement. Angela Carter nous laisse penser que le héros va évoluer, éclore, s'épanouir, que cette routine qui l'étouffe ne peut durer. Et bien si, et c'est cruel. Joseph va tenter de se suicider, il sera sauvé par sa voisine. Est-ce pour autant le début du bonheur? Ce serait trop facile.

Beaucoup de plaisir en lisant ce roman d'Angela Carter, dont je ne connaissais pas grand chose de l'oeuvre pourtant féconde. Son style est féroce et plein d'humour, elle décrit avec beaucoup de passion et d'ironie la vie d'un être déglingué qui ne se cherche même plus, qui attend que le temps passe et que la vie l'emporte. C'est pathétique et en même temps rondement bien mené. L'auteur utilise un langage qui permet de tout faire passer, c'est plein de vie pour décrire une situation de mort latente. Les personnages virevoltant autour de Joseph apportent chacun à cet homme désoeuvré une perception du monde qui ne l'aide pas vraiment mais lui permet de réfléchir. Sur sa situation, sur cette terre qui ne tourne pas rond, sur la vie pas bien fichue. Tout ne sera pourtant pas noir pour Joseph, autant le préciser.
Un auteur à découvrir!