Une poignée de vies
de Marlen Haushofer

critiqué par Alma, le 8 avril 2024
( - - ans)


La note:  étoiles
Une femme libre et sans attaches
Vingt ans après avoir rompu les ponts avec mari, enfant et amant, Betty (désignée aussi sous les noms d'Elizabeth et Lisbeth), qu'on croyait disparue, revient incognito, à 45 ans, le regard dissimulé par de grandes lunettes noires dans la maison où elle a vécu.
Se présentant comme le potentiel acquéreur de cette demeure mise en vente, elle demande à y passer la nuit et y retrouve une série de photos de son passé.
Procédé classique qu'on retrouve dans maints ouvrages de souvenirs, qui permet de remonter le temps et de tracer le bilan d'une vie .

Enfant aimée et gâtée par ses parents, elle est d'abord, comme il se devait pour toute petite fille de la bonne société allemande, élevée dans la discipline d'un pensionnat tenu par des religieuses, où elle a laissé le souvenir d'une enfant «capricieuse, libre et sans attaches» capable d'agir sur les autres «comme un poison» .
Jeune fille, elle accepte de se fiancer, mais rompt avec le promis avant le mariage.
Un peu plus tard, elle se marie, donne naissance à un petit garçon, prend un amant puis part sans laisser d'adresse, déçue par la vie « froide, incolore et inodore» qu'elle a menée . N'ayant «jamais souhaité d'être aimée», elle se libère «du poids insupportable des sentiments».

Comment sentir une quelconque empathie pour un tel personnage ?
Une femme insensible, qui choisit d'abandonner la compagnie de ceux qui sont attirés par elle, qui peuvent entraver ses élans. Pour elle, comme le suggére le titre, les êtres croisés dans son parcours se réduisent à «une poignée », un ensemble de petites choses dont on se débarrasse aisément.

Malgré le talent de Marlène Haushofer pour analyser le comportement de son personnage avec une finesse et une acuité qui peuvent rappeler celles de Stefan Zweig, je suis restée de marbre devant ce portrait d'une femme froide, insensible aux autres, rétive aux conventions et aux règles.