Un jour plus loin dans le jour
de Thierry Pérémarti

critiqué par Débézed, le 1 mars 2024
(Besançon - 76 ans)


La note:  étoiles
Comme un air de jazz
Avec ce recueil, dont le titre est un vers d’un poème de Philippe Mac Leod, je découvre la nouvelle collection de Les Carnets du dessert de lune, « Lune de poche », une bien jolie collection destinée à accueillir des ouvrages de petit format à la couverture illustrée d’une photographie en noir et blanc réhaussée d’un bandeau de couleur (du moins pour les deux opus que je détiens). Cette première lecture est un recueil de poèmes de Thierry Pérémarti, un auteur né en France mais naturalisé américain (Etats-Unis) et grand amateur de jazz. Cette passion dont il a fait son métier dans le journalisme, est remarquable dans ses vers où l’on retrouve les plans chers au jazzmans, le sens du rythme et du tempo, les rips et les fulgurances…

Ces vers, ces poèmes, plutôt elliptiques sont comme des thèmes de jazz, de jazz moderne peut-être, ils expriment des sensations, des impressions, créent une atmosphère, une ambiance, plutôt que de raconter des histoires ou de décrire des tableaux comme beaucoup de poésies. Le poète fait sonner ses mots comme le jazzman fait retentir son instrument : « Dans le regard des mots / quoi s’inscrit ».

Ses poèmes sont composés de vers très courts, pas plus de trois ou quatre mots, répartis en quelques vers seulement selon un rythme souvent : 2 -1 - 3 - 2, ou une composition très proche. Cette configuration génère des poèmes très légers, arachnéens, des vers qui soufflent des mots qui sonnent des airs très doux comme une trompette bouchée ou un saxophone alto. Des mots qui portent des sensations, de la sensualité, par exemple, : « Je suis la lèvre / de tes premier / baisers » ou bien du désespoir : « devenu l’inconnue / de l’équation » ou encore de l’amertume : « voué au reliquat / des paroles mortes » ou d’autres sensations encore…

Certains de ces vers sont comme des aphorismes en vers, ils expriment une idée, un sentiment, une sensation, un effet littéraire, ... en quelques mots aériens s’envolant comme les notes qui sortent du pavillon d’un instrument à vent. L’auteur semble être un amateur convaincu de la forme brève chère aux aphoristes. « libre la lente fulguration ».
« d’un mot, tu ouvrais les avenirs »