L'échelle de Wittgenstein: Le langage poétique et l'étrangeté de l'ordinaire
de Marjorie Perloff

critiqué par JPGP, le 24 février 2024
( - 77 ans)


La note:  étoiles
Marjorie Perloff et la saveur de l'hybride
Marjorie Perloff rassemble des citations de Wittgenstein ou autour de son oeuvre pour en tirer ses propres interprétations. Elle crée en même temps une sorte de biographie romancée dans ce qui tient pourtant et à la base d'un essai contaminé par ces effets de fiction non sans rapport avec le réel de l'écrivaine si bien que ce qui pourrait rester un essai théorique se transforme en une hybridation opérative venue en droite ligne du Tractatus Logico-philosophicus de Wittgenstein. Une certaine vision existentielle passe ainsi par une compréhension duale entre l'abstraction de la méditation philosophique et la plasticité d'une déambulation vitale.

Le texte devient ainsi une marqueterie de réflexions initiées par l'oeuvre des philosophes comme des écrivains qu'elle influença et continue à influencer de Gertrude Stein, Samuel Beckett à Robert Creeley et Rosmarie Waldrop entre autres et auxquel l'auteure fait un sort analytique. Il y a ainsi et par la bande une approches par ces auteurs des divers genres à l'exception de la poésie que la créatrice évacue dans son refus du lyrisme et de sa facticité.

Tout cela est ambitieux et l'auteur se balade entre philosophie et roman et les formes de vie qu'elle et il exaltent avec un plaisir d'une sorte de conversation avec elle-même sans que cela ne tombe dans le pur soliloque là où de fait l'auteure fait de cette essai une biographie à peine romancée par effet d'échos quiu donnent toute sa saveur au livre. Il échappe au laïus philosophique, car sa langue devient une aventure riche au besoin en détails et anecdotes.

Jean-Paul Gavard-Perret