Rita
de Marie Pavlenko

critiqué par CHALOT, le 21 février 2024
(Vaux le Pénil - 76 ans)


La note:  étoiles
roman social et féministe
RITA


Cette polyphonie littéraire prend une forme originale :
des lycéens et lycéennes qui racontent leur vie et leurs relations amicales et sociales avec une nouvelle camarade, Rita .

Au début il s'agit là d'événements et de relations ordinaires entre des jeunes de terminales préparant leur bac tout en respirant la vie et en préparant leur avenir.
Peu à peu, l'atmosphère s'alourdit et le lecteur sent qu'un drame se prépare.
Cela ressemble à un roman policier avec une intrigue qui nous colle à la peau.
Il y a là des jeunes de toutes les conditions possibles, les « bien nés » mais aussi les cabossés de la vie qui essayent de jouer un rôle et d'essayer de tenir.
Viggo est l'un d'entre eux, sa mère est morte et son père devient une loque, victime de sa douleur et de sa détresse immense.
Apprécié de tous, il est attiré par Rita, cette jeune fille impressionnante et touchante qui semble être d'une force extraordinaire.

Il faut se méfier de l'eau qui dort.
Rita a aussi un secret, elle est pauvre, elle a perdu son père qui s'est suicidé après une descente en enfer, sa mère résiste malgré tout mais la vie est dure dans un milieu de travail où le harcèlement sexiste est fort.
Cosette d'aujourd'hui n'a pas de Monsieur Madeleine pour l'aider et Marius ignore l'essentiel.
Il a son amour à donner mais ignore ce qui ronge cette jeune femme.

Elle explique le pourquoi de son silence :
« J'avais compris qu'il n'était pas comme les autres, lui aussi ramait mais peu importe : je ne voulais pas qu'il ait pitié de moi. Je tenais à me voir différemment dans ses yeux, vous comprenez ? »

Cette histoire est touchante et prenante parce qu'il s'agit malheureusement de la vraie vie que rencontrent les bénévoles de la solidarité qui arrivent à réagir comme Viggo :
« J'en veux à notre société qui isole les pauvres, les fait culpabiliser et les montre du doigt en riant parce qu'ils en sont là, c'est bien qu'ils l'ont choisi, pas vrai ? »

Jean-François Chalot