Vie et mort d'un soldat d'élite Maxime Blasco
de Dorothée Olliéric

critiqué par Septularisen, le 7 février 2024
(Luxembourg - 56 ans)


La note:  étoiles
«La guerre sans morts, cela n’existe pas.»*
Le 24 septembre 2021, le Caporal-Chef Maxime BLASCO (1986 – 2021) est tué au combat contre les djihadistes au Mali. Il avait 34 ans et est le 56e soldat français tué «en action», au cours des opérations «Serval» et «Barkhane». Sa mort suscita un grand élan d'émotion dans toute la France.

En effet, Maxime BLASCO n’était pas un inconnu aux yeux du grand public. Il avait déjà fait l'objet d'un documentaire télévisé intitulé : «Nuit d'enfer», réalisé par… Mme Dorothée OLLIÉRIC! Celle-ci avait en effet effectué une entrevue du soldat, après que celui-ci se soit comporté de manière héroïque, le 14 juin 2019, toujours au Mali. Ce jour-là en effet, l’hélicoptère Gazelle dans lequel Maxime était tireur d’élite, s’écrase en pleine zone de combat, après avoir été pris pour cible et mitraillé par les djihadistes. Malgré de graves blessures au dos, Maxime réussira à sauver les deux pilotes également gravement blessés et à les hisser sur les roues d’un hélicoptère Tigre venu les secourir afin de les évacuer…

Mme Dorothée OLLIÉRIC (*1966), journaliste et grand reporter pour la chaîne publique française : France 2, nous offre ici un bien étrange livre. C’est un mélange entre hommage, biographie et reportage. Après un bref récapitulatif de la situation de la France au Mali et du pourquoi du comment de la mission Barkhane, la journaliste nous «restitue» la vie de l’homme, avant le soldat! On apprend à connaître Maxime, on découvre son caractère, sa vie, avant et après être entré dans l’armée. On le suit pas à pas, de sa vie de pâtissier à celle de... tireur d'élite! Il y a des témoignages sur lui et ses passions, de sa femme, ses sœurs, ses parents, ses camarades d’armes, ses amis, etc etc…Il y a aussi le récit détaillé de la journée où il sauve d'une mort certaine les pilotes de l’hélicoptère qui vient de s'écraser, ainsi que celui de la dernière journée de vie de Maxime, juste avant la tragédie.

Que dire de plus? C’est très bien écrit, très factuel, très linéaire, facile à lire, et quelques heures de lecture suffisent. C’est avant tout un hommage et cela a au moins le mérite d’exister et de nous faire connaître non seulement la vie au jour le jour sur ce «conflit» plus ou moins oublié… Mais, aussi et surtout, la vie de ces jeunes hommes et femmes, qui ont choisi l’armée comme métier et qui sont déployés pendant des mois parfois à l’autre bout du monde…

Est-ce que je conseille la lecture de ce livre? Je finis très partagé. J’ai beaucoup (mais alors beaucoup, eihn!..) aimé ce livre pour son côté «humain», qui vous prend littéralement aux tripes! Les récits des camarades, de la famille, de la veuve, des supérieurs hiérarchiques sont vraiment très poignants! On «sent» littéralement la souffrance de la famille du militaire s’exprimer. J’ai été au bord des larmes à de nombreuses reprises, tellement on se sent immergé dans le récit et tellement on se sent proches de ce qu'il raconte…
Par contre le côté : «M’a tu vu, me voilà!», bêtement militariste, frisant littéralement la propagande pour l'armée française… Non, merci! Le : «Ils se battent là-bas, pour nous puissions vivre en sécurité ici»… Non! Désolé, mais… Non! Je ne le supporte pas, je ne le supporte plus! Gardez ça pour ceux qui y croient encore... Moi, je n'en suis pas! Et d'ailleurs j'aurais bien aimé savoir ce qu'en pensent sa veuve, et son orphelin? Le : «Il est parti faire son devoir»? Encore une fois… Non! Désolé, mais non! Il est parti faire son métier, qu’il aimait et dont je pense qu’il savait très exactement les risques qu’il courait… Sinon, désolé de le dire, mais... Il ne faut pas faire le militaire!..

Quand on sait en plus comment est finie «l’aventure» de l'armée française au Mali… Où les soldats français ont été littéralement «virés» du pays, chassés par un gouvernement même pas élu démocratiquement et remplacés par une bande de mercenaires composée d’anciens repris de justice en provenance de Russie… On se demande bien à quoi a servi le sacrifice de Maxime BLASCO et des 57 autres soldats français, tués au Mali?
Désolé Mme OLLIÉRIC, votre livre est magnifique, je le redis encore une fois ici… Mais, je n’ai pu m’empêcher de lire votre livre en ayant tout le temps la phrase : «Tout ça, pour… ça»?.. Dans ma tête, ce qui m'en a complètement gâché la lecture!..

(*) : Phrase extraite du livre (p. 181), prononcée par le Capitaine Xavier chef de section de Maxime BLASCO au Mali.