Paul de Tarse. L'enfant terrible du christianisme:
de Daniel Marguerat

critiqué par Colen8, le 17 janvier 2024
( - 82 ans)


La note:  étoiles
Une exégèse de plus
Depuis 2000 ans les exégèses pauliniennes s’accumulent non sans se contredire les unes les autres. Celle proposée par l’historien bibliste Daniel Marguerat, fruit de plusieurs décennies de recherches approfondies, se concentre sur l’émergence progressive d’une pensée révolutionnaire à visées théologique, doctrinale et pastorale. A ce titre il relève déjà les failles de bien des interprétations antérieures avant d’expliciter à son compte l’articulation complexe des sources retenues, toutes ayant été incluses par la suite dans le Nouveau Testament.
Y figurent les sept épîtres et les pastorales émises directement par l’apôtre Paul au fil de ses pérégrinations entre l’est-méditerranéen (Arabie, Syrie, Anatolie, Macédoine, Grèce) et Rome. Ajoutées aux épîtres post-pauliniennes de ses disciples, aux Actes des Apôtres, aux évangiles de Marc, Matthieu, Luc et Jean, l’objectif ambitieux de l’auteur est double : mettre en exergue l’extrême engagement missionnaire de Paul, analyser ses enseignements auprès des premières communautés converties à la nouvelle foi dite chrétienne, notamment celles de Thessalonique, Corinthe, Rome, Philippes, Antioche et en Galatie.
Ce qui est connu de la maigre biographie de Paul vient de son disciple Luc, lui-même auteur d’un évangile. Le pharisien juif Saül né à Tarse en Anatolie, citoyen romain de culture hellène, persécutait les premiers juifs ayant cru à l’avènement du Messie en la personne de Jésus mort sur la croix. Converti et baptisé Paul après une illumination sur le chemin de Damas, il focalise son évangélisation sur quelques cités centrales les chargeant de propager la nouvelle foi à leur tour. Dans cette mission à vocation universelle d’apôtre des nations il s’éloigne peu à peu de l’Eglise de Jérusalem fondée au sein du judaïsme par Jacques frère de Jésus.
Une fissure involontaire ouverte dans le judaïsme a justifié la naissance de l’Eglise chrétienne. Très vite Paul en était venu à dépasser l’élitisme commun aux juifs de Palestine avant la destruction du Temple et à la diaspora de l’Empire romain. Le salut éternel des juifs s’accomplissait par le respect de la Loi énoncée dans les commandements de la Torah et par la circoncision. A l’inverse l’enseignement de Paul s’était fondé sur le don universel de la Foi divine ouvert à tous les baptisés sans distinction juifs ou païens, ces derniers, ô sacrilège, ayant accès au même salut sans devoir se faire circoncire.