Trous blancs
de Carlo Rovelli

critiqué par Colen8, le 1 décembre 2023
( - 82 ans)


La note:  étoiles
Par la magie d’une transition du noir au blanc…
Une fois admise l’existence du trou noir, Carlo Rovelli assemble un puzzle phénoménal. Il ouvre une piste aussi novatrice qu’audacieuse en y associant ses décennies de recherche théorique sur la gravité quantique à boucles. Voici en trois mots son intuition(1) : s’imaginer à l’intérieur du trou noir, tomber vers son point de singularité où sont abolis le temps et l’espace, en ressortir après rebond afin d’en concevoir la perspective renversée. Alors rien dans les équations ne le distinguerait plus d’un trou blanc !
Le puzzle est construit sur les équations d’Einstein toujours plus et mieux validées jusqu’à leur limite quantique. Il introduit l’horizon de Schwarzschild au-delà duquel lumière et matière sont absorbées par le trou noir(2), attend son évaporation sur le temps long traduite par le rayonnement de Hawking, enfin explique le rebond par la granularité de l’espace-temps à l’échelle de Planck favorisant un effet tunnel.
Surtout Carlo Rovelli manie ici avec bonheur une expérience de pensée singulière, de petits schémas explicatifs simples, le tout écrit sur le ton direct et familier du conteur. Sa réflexion épistémologique et philosophique nourrie de quantités de citations de Virgile et de Dante l’amène à imaginer la matière noire qui pourrait être constituée de myriades de minuscules trous blancs invisibles flottant tels de gracieuses libellules.
(1) Accès à l’article scientifique : https://journals.aps.org/prd/abstract/…
(2) Via les calculs du mathématicien Penrose