Orwell éducateur
de Jean-Claude Michéa

critiqué par Falgo, le 25 novembre 2023
(Lentilly - 84 ans)


La note:  étoiles
L'anticapitalisme d'Orwell et de Michéa
Jean-Claude Michéa est un philosophe de gauche. Sa lecture d'Orwell comporte ainsi des aspects positifs et des failles. Il a raison lorsqu'il rapporte que les écrits d'Orwell entre 1930 et 1950, sa mort, ont été longtemps négligés en France où ils n'ont été traduits et publiés qu' à la fin des années 1990 par Ivrea. Or ces innombrables textes (4 gros volumes) permettent de suivre et de voir se préciser la pensée d'Orwell aboutissant à ses deux opus considérés comme des chefs d'oeuvre: La ferme des animaux et 1984. Livres dont la compréhension prend un autre sens après la lecture de ces 4 gros recueils. C'est à cet exercice que se livre Michéa, "un démontage élémentaire de l'Imaginaire capitaliste" (p.11). Utilisant de nombreuses citations contemporaines Michéa prolonge la pensée d'Orwell pour la caractériser comme une critique fondamentale du système capitaliste. Il établit que la critique d'Orwell sur la gauche ne porte pas seulement sur le totalitarisme soviétique mais englobe toutes les reculades que les dirigeants socialistes ont effectuées pour finalement accepter le système capitaliste et y adhérer. Reprenant des formules d'Orwell il estime que le fascisme est une forme de capitalisme, orientant toute la vie politique vers la conquête du pouvoir et sa conservation. Il revient alors, comme Orwell, vers une forme abandonnée du socialisme, que celui-ci nomme "la décence normale" (common decency) qui rejoint les formulations bien oubliées de Marcel Mauss et de l'économie du don. Le titre de ce livre (Orwell éducateur) ne correspond , à mon sens, pas exactement à son contenu puisque, se référant à certaines fulgurances d'Orwell, Michéa joue vraiment le rôle d'éducateur en proposant une critique fondamentale du système capitaliste. Å ce titre ce livre est passionnant.