Ce que nous confions au vent
de Laura Imai Messina

critiqué par Alma, le 14 novembre 2023
( - - ans)


La note:  étoiles
Parler à ses morts
Un jour, un homme a installé une cabine téléphonique dans le jardin de sa maison, dans l'une des régions les plus touchées du Japon par le tsunami de mars 2011 . A l'intérieur, un vieux téléphone noir qui n'est pas branché : « Le téléphone du vent » emporte dans le vent les voix de ceux qui cherchent à s'entretenir avec leurs morts.
Les survivants transmettent ainsi à ceux qui ne sont plus leurs interrogations, leur amour, leurs chagrins, des nouvelles de leur vie, parfois aussi des reproches .
C'est dans ce lieu que le chirurgien Takeshi, resté seul avec sa petite fille de 3 ans devenue muette après la le disparition de sa mère rencontre Yui .
Yui, elle, a perdu sa fille et sa mère dans le tsunami .
« Ils n'avaient plus personne, ils s'étaient liés d'amitié » …....

CE QUE NOUS CONFIONS AU VENT est fait de chapitres courts relatant chacun un épisode de la vie des deux personnages, l'évolution de leur amitié , de leur relation .
Bien ancré dans la culture et l'imaginaire japonais, il offre une thérapie universelle au deuil en croisant le réel et l'invisible, en reliant le monde des vivants et celui des morts,
C'est doux roman qui évite le pathos et qui montre l'importance du partage, des effets de la voix, des effleurements, des câlins, un ouvrage rempli d'émotion sur le thème du vide de la vie après le deuil et sur la résilience .
Quand le vivant, pour se réparer , parle avec son mort en confiant ses paroles au vent.....
Un vent successivement violent véhicule de la destruction et doux transporteur de la parole qui apaise.

L'auteur Laura Imai Messina, une italienne, s'est inspirée d'un lieu réel au Japon, fréquenté chaque année par des milliers de personnes et précise à la fin de l'ouvrage l'objectif de son roman .
« En écrivant ce livre, j'ai compris a quel point il était important de raconter l'espoir, que le devoir de la littérature est de suggérer de nouvelles façons d'être au monde, de relier l'ici bas à l'au delà »

Si j'ai particulièrement apprécié la délicatesse de ce roman, qu'il me soit permis d'exprimer un regret : celui d'avoir trouver ma lecture régulièrement interrompue par des listes de nourriture, de vêtements ou de musiques qui m'ont semblé peu utiles et qui ont brisé le déroulement et le charme de cette belle histoire.