Lui dit-elle
de Anne Perrin

critiqué par El Gabal, le 26 octobre 2023
(Strasbourg - 35 ans)


La note:  étoiles
L'amour est plus fort que la mort...
J'ai lu d'une traite ce petit recueil de Anne Perrin, Lui dit-elle (Pour un absent), qui traite du thème de la rupture amoureuse et de ses possibles effets alors que le feu se refuse à mourir et que la poésie apparaît comme un moyen, peut-être le seul et l'unique, de conjurer la douleur et de préserver intacte la beauté.

Ce recueil s'offre ainsi comme un dialogue, ou même pourrait-on dire, comme une véritable joute qui s'engage entre Elle qui refuse de faire son deuil et continue à idéaliser ce qu'elle a vécu, et Lui qui s'enfonce dans la déchéance et cherche, à travers l'alcool notamment, à étouffer sa douleur et à trouver l'oubli.

Les mots de Elle sont tout empreints de lyrisme et célèbrent la puissance du sentiment amoureux ainsi que sa persistance au-delà des drames et des malentendus. Sa langue vise à trouver, au-delà de la "poussière", la trace d'un "dernier baiser" et apparaît comme un "oracle" qui "s'élève du plus profond des âges" tant il est vrai que la langue du coeur ne meurt jamais.

Les mots de Lui sont beaucoup plus triviaux et organiques. Ils décrivent sa lente descente aux enfers et la décrépitude de son corps. Ils alternent entre désespoir et colère et marquent dans un premier temps le refus de poursuivre l'histoire au-delà de son interruption...Mais il y a fort à parier, cher lecteur, que le rapport de force s'en trouve malgré tout bouleversé au bout d'un moment...

Je vous invite donc à vous emparer de ce petit livre, qui se situe entre théâtre et poésie, afin de mesurer la formidable résilience qui est à l'œuvre dans toute écriture poétique et ce, que l'événement à l'origine de son déploiement dans le monde, soit heureux ou malheureux. La leçon de Pour elle est peut-être que l'espoir ne meurt jamais tout à fait et que la poésie immortalise toute chose...