Le lion et la licorne : Socialisme et patriotisme
de George Orwell

critiqué par Falgo, le 23 octobre 2023
(Lentilly - 84 ans)


La note:  étoiles
Un écrit important et trop ignoré
Dans son essai sur Orwell, Simon Leys le présente comme (p69/70) "un petit livre qui constitue son manifeste politique le plus complet et le plus explicite (mais que ses admirateurs de droite s'appliquent très soigneusement à ignorer), il annonce avec confiance, pour un avenir immédiat" diverses mesures. Je comprends bien pourquoi la droite le rejette, car il établit un programme socialiste selon sa définition: 1. Nationalisation des terres, des banques et des grandes entreprises, 2. Limitation des revenus, 3. Réforme et quasi nationalisation du système éducatif, 4,5,6: Abandon du système colonial remplacé par d'autres types de gestion des pays anciennement colonisés. Écrit très rapidement n 1941, ce livre rassemble la plupart des conceptions politico-économiques d'Orwell. Il y défend un patriotisme farouche, ce qui déplait à la gauche et trace ce programme socialiste qui hérisse la droite. Il part de ce constat (p.97):"L'inefficacité du capitalisme a été démontrée partout en Europe" dont on trouve de nombreuses autres formulations dans ses écrits. Pour lui, en gros, le fascisme est la traduction politique du capitalisme et la victoire sur le premier conduit inévitablement à l'instauration d'un socialisme correspondant à sa définition ("justice et liberté"). Je crois avoir ainsi résumé l'essentiel de cet ouvrage, qui comporte mille autres réflexions, et ne pas trop avoir trahi les pensées de l'auteur. Celles-ci me posent question: le capitalisme est-il un système économique condamnable par ses inévitables excès ou est-il un système incontournable dont il importe de réguler les excès? Orwell ne rentre pas dans ce débat et je ne connais aucun ouvrage qui en traite exhaustivement et contradictoirement. Au delà des intuitions fulgurantes d'Orwell sur l'avenir du monde.