Entre travail éducatif et citoyenneté : l'animation et l'éducation populaire
de Francis Lebon

critiqué par CHALOT, le 13 octobre 2023
(Vaux le Pénil - 76 ans)


La note:  étoiles
Une étude détaillée et enrichissante
« Entre travail éducatif et citoyenneté :
l'animation et l'éducation populaire »

livre de Francis Lebon
éditions Champ social
187 pages
septembre 2020


Je connais l'auteur que j'ai eu comme stagiaire aux Francas du Val de Marne, il y a 20 ans .
C'est un intellectuel d'excellent niveau qui peut s'appuyer sur une expérience de terrain comme responsable d'un service enfance.
Son œuvre m'a interpellé car on parle peu de l'éducation populaire qui semble être une vieille lune pour certains.
C'est dommage car si l'animation s'est développée en France c'est grâce à l'action de tous ces bénévoles, militants de l’éducation populaire.
Cet espace de socialisation et de responsabilisation voire de politisation à la marge de l'école touche de nombreux secteurs sportifs, culturels, sociaux en général.
Il a souvent été le parent pole de l'éducatif ce qui a conduit comme l'explique l'auteur à des situations que je qualifierais d'ubuesque :
- dans les années 50, la Ligue de l'Enseignement a demandé avec force que l'éducation populaire soit rattachée à l'éducation nationale pour favoriser sa reconnaissance comme co-éducateur de l'enfance au même titre que la famille et l'école.
L'éducation populaire et ce qui deviendra l'animation rattachée à la Jeunesse et Sports a connu un développement sans précédent.
- Ce qui est ubuesque et triste, c'est que la disparition de la Jeunesse et Sports et le rattachement de l'éducation populaire et l'animation il y a peu ont eu des effets dévastateurs .
L'auteur qui n'a pas lésiné quant à la recherche biographique complétant une enquête minutieuse revient assez longuement sur la réforme des rythmes scolaires de 2013.
Il montre les effets de ce projet réalisé à grande vitesse : cette réforme a conduit à créer des confusions entre travail scolaire et animation et à opposer les enseignants aux animateurs.
Alors que, patiemment, des militants et associations ont réussi dans de nombreuses communes à construire une complémentarité timide mais présente entre l'école et les accueils péri scolaires, la réforme a rapproché les fonctions et a brouillé les cartes.
« L'extension de l'animation ne contribue-t-elle pas à la dénationalisation de l' éducation nationale » avec une tentative de municipalisation de l'école créant des craintes et des frustrations tout en créant des inégalités territoriales.

N'est-il pas nécessaire de faire vivre une inter-action entre les différents temps de l'enfant et intervenants afin de permettre à chaque enfant de pouvoir développer ses capacités et devenir acteur de son temps libre ?
Si cette réflexion n'est pas menée et suivie d'action, il y aura un renforcement du dualisme avec des enfants de milieux favorisés sur- occcupés dans des clubs sportifs ou ateliers culturels et une masse d'enfants n'ayant que la rue et le smartphone comme espaces « éducatifs » !

Jean-François Chalot