critiqué par JPGP, le 8 octobre 2023
( - 77 ans)

La note: étoiles

Maurice Regnault du moi au nous

Avec "Nous", Maurice Regnault, contrairement aux romantiques ou aux symbolistes Maurice Regnault n’a pas placé le moi au centre de ses préoccupations mais le nous.

Et qui plus est un nous inquiet, souvent tourmenté par l'angoisse de la misère du monde sous diverses formes. La terreur provoquée par l’état du monde fait que ce nous est là pour rappeler la menace du temps et de l’histoire dans un texte sombre comparable à celui que l’ont rencontre dans le cinéma de Fassbinder que le poète connaissait bien.

Chez l’auteur comme dans Le Horla de Maupassant, le nous semble habité par une entité étrangère. Le monde est inquiétant : les intérieurs humains y sont hantés parfois même déserts même si l’auteur veut croire à l’humain.

L’être est donc saisi entre présence et absence, réalisme et onirisme critique. Regnault a su scruter l’univers dans lequel il vivait. Interprète de certaines angoisses « sociales » il s’est toujours méfié des connivences qu’entretient l’écrivain avec son égo et a toujours tenté de lutter contre un état de chose qui veut faire croire que l'immobiliste du type capitaliste serait le destin inéluctable de la moins pire des aliénations.

Jean-Paul Gavard-Perret