La France qui a faim. Le don à l'épreuve des violences alimentaires
de Bénédicte Bonzi

critiqué par CHALOT, le 6 octobre 2023
(Vaux le Pénil - 76 ans)


La note:  étoiles
une étude passionnante et d'une actualité brûlante
La France qui a faim
livre de Bénédicte Bonzi
421 pages
mars 2023
Éditions du Seuil

Combattre la violence qui s'exerce contre les pauvres


Ce livre, produit d'une thèse est un document remarquable, tant par la richesse des éléments que pour son intérêt et son accessibilité.
Dès les premières pages, le lecteur se trouve pris par la réalité, celle qu'il connaît et qu'il pressent mais aussi celle qu'il découvre.
La France a faim et 10 millions de tonnes de nourriture sont jetées chaque année, cherchez l'erreur ou l'incompétence ou l'inhumanité d'un système !
Comme l'écrit l'auteure dès les premières pages de ce livre :
« Avec ces 10 millions de tonnes ce sont près de 11 millions de personnes s'ils avaient accès à cette nourriture. »
Il nous faut comprendre la réalité de la situation et pour ce faire, rien de mieux que de se plonger dans le « milieu de la distribution alimentaire », ce qu'a fait l'auteure pendant quatre ans comme bénévole aux restos du cœur.
Sur le terrain, tout le monde est en souffrance, les donataires qui ont faim et savent qu'il leur faudra vivre avec et survivre et les bénévoles qui voient cette souffrance sans fin.
La situation s'aggrave car le nombre de bénéficiaires augmente alors que malgré la surproduction agricole, la quantité de nourriture ne suit pas les besoins.
Il y a la quantité mais aussi la qualité .
Avec la loi Garot du 11 février 2016 qui devrait combattre le gaspillage, c'est l'utilisation du gaspillage par le don ….Les grandes surfaces vendent leurs produits jusqu'à la date limite puis font appel aux associations qui font la ramasse.
Cela permet aux distributeurs de défiscaliser.
Les produits proposés sont très souvent du bas de gamme et si une association refuse de les prendre, elle perd « le marché ».
C'est ainsi que des associations sont inondées par de la confiserie ou par des gâteaux peu appétissants.
C'est cela ou rien.
Les bénévoles font de leur mieux avec les moyens du bord : ils trient les légumes fanés pour leur donner une belle prestance, ce qui est parfois impossible.
Prenez, c'est mieux que rien !?
L'alimentation devrait être un droit et d'ailleurs c'est inscrit dans les textes internationaux mais non appliqué !?
« Dans les centres, dans la rue, les gens qui ne mangent pas à leur faim grossissent », les conséquences pour la santé sont graves avec de l'obésité, la prévalence de l'hypertension artérielle et le développement du diabète.
« Les plus pauvres ont pour rôle d'assimiler les excédents de l'industrie alimentaire » et l'état se défausse à moindre prix sur les associations caritatives qui ont une fonction essentielle pour lui : éviter l'es émeutes de la faim et l'explosion sociale !

QUE FAIRE ?

L'action des bénévoles est utile car ils tissent du lien social et permettent à beaucoup de personnes de tenir le coup.
L'auteure nous propose de changer de paradigme.
Pourquoi ne pas faire vivre ce droit à une alimentation saine, de qualité en créant une sécurité sociale de l'alimentation ?
Chacun paierait en fonction de ses moyens et recevrait en fonction de ses besoins ….
Utopique ?
Non et d'ailleurs l'expérimentation commence à petite échelle.
Elle émane de bénévoles de la solidarité et de petits paysans, notamment qui veulent que des produits sains et de qualité soient accessibles à tous !

Jean-François Chalot