Merci de laisser votre empathie au vestiaire
de Richard Nagy

critiqué par CHALOT, le 3 octobre 2023
(Vaux le Pénil - 76 ans)


La note:  étoiles
Des dessins au service d'une grande cause
Merci de laisser votre empathie au vestiaire

Hôpital public : quand le management détruit le cœur de métier soignant


C'est un titre fort, plein, qui est comme un coup de sabre bien mérité donné au libéralisme qui finit de détruire l'hôpital public.
A moins que....
Richard Nagy est un dessinateur talentueux qui sait nous faire réfléchir et résumer une situation par la force du crayon et de la couleur.
Dessinateur oui mais aussi un aide-soignant en gérontopsychiatrie qui aime son métier et les gens, ceux qu'il contribue à soigner et ses pairs, l'aide-soignant, l'agent de service, l'infirmière, notamment.
Il n'oublie pas les médecins et c'est d'ailleurs Geneviève Henault, psychiatre hospitalier qui préface ce livre de 40 pages de dessins tous commentés par une phrase bien sentie.
Il faut faire vite avec peu de moyens avec un nombre de soignants limité, ce qui nuit à la qualité du service et ce sont les soignants et les soignés qui en pâtissent.
Aucun dessin ne peut être mis de côté, chacun nous touche « aux tripes ».
Prenons les illustrations des pages 24 et 25 , pour prendre un exemple
A la page 24, une femme se trouve prostrée sous une cloche avec la légende qui vaut tous les textes possibles :
« Quand le covid revient dans le service tous les patients sont confinés dans leur chambre.
Pas de télé dans les chambres, plus d'activités et plus de visites. »

A la page 25, un patient est étranglé  par la nourriture qui le prend à la gorge.
« Un patient a fait une fausse route, il était seul dans sa chambre. »

Beaucoup de dessins font froid dans le dos, d'autres sont là pour proposer avec humour, finesse et toujours avec tendresse comme l'explique la préfacière, un guide de l'aide-soignant.
Ce livre est un cri d'alarme mais aussi et surtout un appel à voir la psychiatrie sous un autre angle : la part de l'humain, du lien social est le printemps indispensable pour tous ces malades et aussi pour le personnel.

Jean-François Chalot